#anthologie #06 | Vamos a la playa

Jamais seule. Je ne suis jamais seule, même sans personne sur cette plage, isolée, abandonnée les trois quarts de l’année. Le sable, immaculé, des oiseaux en pagaille qui picorent des vers minuscules, imprudents, sortis de terre. Les mouettes, bavardes, agitées, s’approchent près, tout près, comme pour discuter. Demain, je serai seule. Pas toute seule, mais seule.

Quand ils arriveront par grappe, en vélo ou à pied, déchaussés, dénudés

Quand ils déballeront parasols, crèmes à bronzer, bermudas fleuris

Quand le ballon aura percuté l’enfant assoupi par tant de bruit

Quand la serviette pour se changer après le bain tombera au moment où il ne fallait pas regarder

Soudain, le ciel s’obscurcira, des nuages énigmatiques viendront s’amasser sur l’horizon, annonçant les coups de tonnerre, puis la pluie surgira avec fracas. Ils attraperont serviettes, raquettes, et enfants sous le bras, et s’échapperont de là, même si devant eux il pleut aussi.

Je resterai, seule, assise sur un rocher étincelant de quartz et de grenats mariés depuis avant l’éternité, je regarderai la mer, que j’imaginerai joyeuse, se déchainer. J’attendrai, seule, la nuit. Elle arrivera, seule, et délicatement se posera sur les châteaux de sable, piétinés.

A propos de Eve F.

Rédige des assignations et des conclusions, défend le veuf et l'orpheline, écrit sur le Droit et son envers, la Justice et ses travers, le bien-être et son contraire, les hommes et pas que, le bruit du monde et ses silences, aussi.

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