#anthologie #01 | Dépersonnalisé

Pédaler. Tomber comme la pluie. Voir des passants, voir du gris, du blanc, voir des paysages à chaque instant ou dérouler dans sa tête une pensée, un souvenir. Les arbres sous la pluie, la pluie entre les arbres, gouttelettes sous les arbres. Voir une maison de police au cœur d’un parc, une policière avec du gris et du vert. Une policière rose sous la pluie. Mouiller les cyclistes. Pas d’animal. Pas regarder partout. Regarder devant. Voir des oies traverser la route. Faire danser sa patte en traversant la route, laisser sa patte en suspension. forcer sur la pédale pendant un faux plat. Traverser la grille du parc. Sentir le vent, l’entendre et le voir bouger les feuilles. S’arrêter au feu rouge et regarder les gens immobiles attendre. Rouler, freiner, réagir vite, se croiser, laisser passer, pas laisser passer, tout très vite, se tendre. Entendre ou ne plus entendre le bruit des voitures. Suivre quelqu’un en vélo, être distancé, être doublé, doubler, penser au passé, aux promenades en vélo du passé, aux courses de vélo du passé. Voir la muraille des maisons sur la colline, l’arrondi du pont face à cette muraille et le Rhône qui passe sous le pont. L’ennui des vélos circulant dans un tunnel sans paysages. Siffler pour y faire résonner une présence. Les routes de partout, les voitures, les bus, les vélos. Tunnels, ponts, trémies, quais. Intensifier le trafic. Faire rire les corps des autres puis durcir les instants. Monter un pont, descendre le pont. Croiser en face des vélos. Passer sans s’arrêter, jamais s’arrêter. Flaques d’eau, routes granuleuses, dos d’âne, proche du trottoir, milieu de route, traverser la route en biais. Stop.

A propos de Emmanuel Courtieu

amateur de cinéma d'abord, théâtre ensuite de danse, de littérature de tout temps.

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