#anthologie #05 | le François qui ne fut

Quant eus onze ans assurance se conforta en moi que la vie ne m’intéressait pas. Il est un âge où vient petite rancune contre ceux qui vous ont fait, rancune attendrie, tenacement muette.  Attendrie par la lecture répétée aux jours d’écoeurement de la lettre écrite en février ou mars 1942 par notre père au François qu’il attendait comme aîné et héritier du nom. Le François qui ne fut. En suis navrée, Père, navrée et satisfaite parce que l’ai fait oublier. Il a toutes les qualités le François. Il est un mâle… fière suis d’avoir commencé à effriter le désir qu’il fut |contentes sommes de tant être aimables les trois non-François qui avons précédé celui qui porta autre nom quand il survint sans plus être attendu comme tel, même si elles ignorent ton existence ou ta non-existence, d’être joyeusement femelles. Comme vous l’auriez peut-être dit toi François et le père puisqu’ainsi on dit que les hommes le disent par paresse méprisante ou enchantée, je ne comprends pas les femmes, seulement moi c’est vraiment et je ne le dis pas. Les admire tant que les crains. Comme François le désiré ai eu l’âme guerrière mais sur carte, ces cartes sur lesquelles on pose un sabre sous la tente, et par jeu, ou âme de guerrière de langue comme braves femmes autour de la fontaine et à ce jeu je perdais toujours… François ne l’aurait peut-être pas eue cette âme avide de sang ou non, pauvre François petit marin  non revenu de guerre, ce qui est pourtant ce qu’il y a de bien dans la guerre, le retour perclus ou non, endeuillé ou non, tirant jambe ou non, comme chacun sait, comme le pensait certainement notre père, ainsi le veux. François qui ne fut pas mais qui était si  loyal puisqu’ainsi voulu. Loyale ou non peu ne m’importait et pour cela le fus, du moins je crois, sauf maladresse ou distraction. Décidément t’aime bien le François et te plains un peu de supporter telle fatigue d’être contraint. Te salue, toi qui a pris en charge toutes les certitudes. Avons presque terminé.

A propos de Brigitte Célérier

une des légendes du blog au quotidien, nous sommes très honorés de sa présence ici – à suivre notamment, dans sa ville d'Avignon, au moment du festival... voir son blog, s'abonner, commenter : Paumée.

4 commentaires à propos de “#anthologie #05 | le François qui ne fut”

    • si seulement il n’y avait que l’atelier – là ai une demi heure pour lire, penser ne même temps qu’au reste, une demi heure pour écrire y compris fautes de frappe à annuler
      Bon courage Danièle (mais pas de lecture pour moi avant fin juillet sans doute)

    • moi non plus… peut être un très vague souvenir de Valère Novarina en très très mineur… ça arrive quand on vient de le lire, l’est contagieux (lire cette nuit plus que les extraits… mais pas dans même texte)

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