#anthologie#03- La banane

C’est mou et léger. Je peux m’asseoir dessus sans l’abîmer, et ça c’est terriblement pratique. Je crois même que ça fait tout le succès de la banane. C’est mieux qu’un sac à main un peu rigide, de cuir et de boucles, qu’on a peur de faire traîner par terre et de salir. La banane, on ne l’enlève pas. Elle est sur l’épaule droite ou sur l’épaule gauche. Elle est un autre vêtement. À mettre sur ou sous le manteau ou la veste. Besoin de quelque chose rapidement ? Il n’y a qu’un zip, et comme la banane a un contenant limité, tout s’y trouve. Poche arrière de la banane très pratique. Je pensais ne jamais avoir de banane. Parce que quand même. On parle d’une banane, comme dans les années 90. Mais mise à la mode. En travers sur le torse. Sacrifier l’élégance au pratique? Ma banane est moche. Ma banane est belle. Ma banane est ce qu’elle est. Prendre la banane comme elle vient et ne rien en attendre plus que ce qu’elle propose : du pratique, du mou, du léger. La banane est en ville. Elle barre en vertical. Tout le monde est pratique, mou, léger. Inélégant sauf pour les personnes élégantes au possible. Je ne pensais pas avoir de banane. Et voilà. Aujourd’hui je ne m’en sépare plus. Où est ma banane ? J’ai même offert une banane à quelqu’un qui n’en aurait jamais acheté s’il n’y avait eu moi. Et qui aujourd’hui la met. De travers sur le torse, biffe rebelle et verticale sur un monde inélégant, dur et lourd. 

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