#anthologie #prologue | Genou

On a senti que ça bougeait. On a perçu le son. On a senti qu’aussi le son bougeait. On a bougé dans le son. On a dansé. On a pulsé. On a ouvert les yeux. On a ouvert et replié les mains. On a serré. On s’est senti puissant. On était minuscule.

On a crié. On a exigé. On a dicté. On a eu. On s’est tu. On a fermé les yeux. On agite les bras comme on secoue les jambes. On a secoué les jambes comme si c’était des bras. On a confondu le bas et le haut. On a mélangé le dehors et le dedans. On a ouvert les yeux. On a distingué les couleurs. On s’est situé dans l’espace. On n’a pas aimé le froid.

J’ai attrapé le jouet. J’ai jeté le jouet. J’ai mordu le jouet. J’ai agrippé les barreaux. J’ai dormi sur le dos. J’ai dormi sur le ventre. J’ai écouté l’histoire. J’ai regardé par la fenêtre. J’ai arboré le pull jaune. J’ai empilé les livres. J’ai jeté les livres. J’ai empilé les livres. J’ai sucé la poignée. J’ai mordu dans les coins. J’ai détesté la laine. J’ai adoré la laine. J’ai regardé les formes sous la couverture. J’ai connu les ronds et j’ai connu les angles. J’ai joué avec les ciseaux. J’ai joué avec le marteau. J’ai joué avec la scie. J’ai joué avec l’éther. J’ai caressé les feuilles. J’ai chuté dans les orties. J’ai appris le mot genou.

A propos de Marion T.

Après tout : et pourquoi pas ?

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