#anthologie #01 | Recension

La Défense. S’enfiler dans la voiture du tramway en évitant le balancement des attachés cases au niveau des tibias. Trouver une place assise, prendre place. Tirer de son sac l’ouvrage du moment. Texte entamé, reprendre le fil, reprendre le cours. S’abstraire du mouvement des passagers, des arrêts, ouverture et fermeture des portes, montée et descente des usagers. Plonger. Ne pas trop plonger. S’immerger en attention flottante. Lire en diagonale un livre dont on doit rendre compte n’est pas très honnête. Mais convertir quelques 250 pages densément organisées en 1500 à 4 000 signes suivant la consigne, exige de circonscrire le temps, de circonscrire l’espace de la pensée, la sienne tout autant que celle de l’auteur. On ne peut pas tout dire. Synthétiser. On ne saurait tout dire. Discriminer. Choisir. Polariser. Au risque de se tromper. Je poursuis la lecture, plus que deux stations avant l’arrivée. Déjà je pense au compte rendu à venir. Contextualiser. Quoi, l’auteur, sa discipline, sa thèse ? Je ne devrai pas tant anticiper, mais me laisser pour l’heure, dé-placer, déterritorialiser. Plus qu’une station avant arrivée. Se ressaisir, il va falloir glisser à nouveau dans le présent du travail gagne pain. Moi aussi je m’étais constitué un Glossaire des verbes : noter, relever, remarquer, pointer, exposer, considérer… Glossaire, je serre mes gloses (Michel Leiris). Boulogne, temps suspendu, ne pas s’oublier dans le texte, dans le phrasé. Marquer la page. Refermer le livre, le replacer dans le sac et s’en saisir. Descendre, glisser jusqu’au quai. Arriver légère dans le présent.

A propos de Stéphanie Buttay

L'écriture accompagne depuis toujours ma pratique du dessin et de la couture. Voire, elle les précède : création de livres d'artistes notamment avec l'ami poète Werner Lambersy. Représentée au Musée de la création Franche à Bègles et au Prieuré Saint Cosme pour le Livre pauvre, j'ai publié aux éditions du Carnet du dessert de lune et dans la revue Cabaret.

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