Délocalisées, isolées, juste un étage au-dessous, non pas détrônées mais une question de crédit, ayant fait nos preuves, étant jugées sérieuses et suffisamment bosseuses pour un lâcher de bride. Quand même, le matin, jusqu’au quatrième étage prendre l’ascenseur de cet immeuble de la rue Drouot. Passer d’abord devant l’hôtel des ventes et rêver des enchères qui s’y dérouleront. Longer le trottoir mais rideaux tirés, ne rien voir des objets précieux, des livres rares. Traverser devant le bougnat. Ouvrir la lourde porte, la pousser comme on enfonce le jour, nous arc-boutant, épaule en avant. Quand le courage est là, et c’est plutôt en début de semaine, monter les marches, avec l’illusion de se donner de l’énergie pour la journée. Ecouter depuis le hall les premiers bruits. Ou le silence qui dit que nous sommes les premières arrivées. Gravissant les marches, commencer à transpirer, puis atteindre (et peut-être le refera-t-on une fois dans la journée si on est en forme et pour valeur digestive d’une montée quatre à quatre). Qui dispose d’un jeu de clé peut considérer qu’elle a leur confiance. A l’intérieur, d’abord, poser nos affaires. Puis aussitôt, démarrer l’ordinateur, consulter ses mails, y répondre, monter prendre un café, redescendre récupérer le courrier, le dispatcher. C’est ainsi que la matinée commence. C’est être prêt à travailler. A empoigner son téléphone, à composer le numéro, à passer les barrages de secrétaires, à renouveler son appel, à contourner les obstacles, à joindre le bon interlocuteur, à tenter de le convaincre. Elle dit qu’on ne tente pas, qu’on convainc. Alors on y retourne. Contacter, parler, expliquer, prêcher pour sa paroisse mais sans prier, ne jamais supplier, rester digne. Rappeler si besoin, faire preuve de ténacité, persister, foncer. Dérouler l’argumentaire, connaître et énoncer les points forts, travailler l’autre au corps, le faire fléchir, le séduire, l’avoir à l’usure si besoin. Téléphoner toute la journée sans se décourager, essuyer des refus, des moqueries, des écarts de conduite, des tentatives de drague, des invectives, et parfois des insultes. Essuyer tout ça avec le sourire. Sourire parce que ça s’entend au téléphone. Ne jamais cesser de sourire. Sourire de façon franche et sincère. La sincérité, ça s’entend aussi au téléphone paraît-il.
« C’est ainsi que la matinée commence. »
Par un sourire
Sourire, ça s’entend, oui, ça se voit, ça se sent.
Sourire aussi en haut des escaliers gravis quatre à quatre
De façon franche et sincère, j’ai aimé ce début de journée
Merci, c’est une autre vie, lointaine, cette vie hyperactive de sourires et de téléphone, j’ai aimé m’y replonger. Brin de nostalgie…
tiens voilà une proposition qui nous a entraîné.e.s sur des voix parallèles pour convaincre séduire etc !!!!