#anthologie #prologue | les étranges

(début du cycle )

il est possible je veux écrire sur

renaître en écriture quand la chape de plomb

il est possible trembler comme des insectes

c’est pas tous les jours qu’on tremble sur le fil

à trembler sous les tribunes, parmi les oiseaux endormis

qui ne chantent pas, ont oublié, lourds agrippés sur le fil

par dessus le bruit, ce qui sort du poste de télé, les stades les aboiements derrière les rideaux

On bouche les oreilles pour grimper aux murs

pour naître en cachette à l’intérieur

lancer des signaux d’indiens emportés par les vents, la nuit sur les bancs publics, l’herbe mouillée sur la peau des chevilles, on est assis en hauteur, comme une pluie qui s’assied sur le monde,

des fumées jaunes sont lancées à travers champs

pour tous les entendants, les entendants fuyants qui marchent, se lèvent, qui laissent les enfants seuls à la maison, ceux-là qui restés ne naissent plus à eux-mêmes, n’explorent plus en dehors

alors debout, debout, les mains agitées sur des cordes, il faut croire aux encens, les premières cicatrices sur la roche, ton corps plié en deux roulant sa mécanique nouvelle, s’essoufflant du bel effort contre la roche, dans les flots de fumées arrachés aux poumons, crachés longs, les grands poumons déployés dans la grotte

la fumée avec ses yeux épaissis de lumière

Et le petit homme ouvre la porte, la pluie derrière les fagots, il pleut dans son coin, mais il faut bien sortir, rentrer, cette espèce de lumière dans le mouvement, comme une pierre tourne sur elle-même, ce mouvement de meule qui broie quelque chose à l’intérieur, la porte qui s’ouvre, le crapaud va chercher son pain, dit l’homme d’honneur dans sa solitude

et dans la mienne de petite main

je souffle sur le ventre des fétus de paille, ce que nous commençons à être, degré de solitude sans consistance, et dans la lente tristesse qui s’empare de ce qui vit, on voudrait

Peut-être tirer à la carabine, cachés dans les creux, sur une route perfusée de ravines, tomber dans la gueule abasourdie de la guerre, pour donner donner, le coup de main nécessaire

plaquer hors sol les teigneux

de nos misères futures

On se dit il va falloir se planquer beaucoup pour agir

et souffler des fumées jaunes, et chercher son pain

A propos de Françoise Breton

aime enseigner, des lettres et du théâtre, en Seine-Saint-Denis, puis en Essonne, au Cada de Savigny, des errances au piano, si peu de temps pour écrire. Alors les trajets en RER (D, B, C...), l'atelier de François Bon, les rencontres, les revues, ont permis l'émergence de quelques recueils, nouvelles, poèmes. D'abord "Afghanes et autres récits", puis en revues "Le ventre et l'oreille", "Traversées", "Cabaret", "La Femelle du Requin"... Mais avant tout, vive le collectif ! Création avec les anciens élèves d'Aulnay-Sous-Bois de la revue numérique Les Villes en Voix, qui accueille tous les textes reçus, photos, dessins, compositions sonores...

Laisser un commentaire