le début a une fin
J’ai été rien, j’ai été inexistante. J’ai été conçue par amour, par désir, par hasard, par accident. Je suis partie de zéro pour arriver à quelque chose. Je suis un être complexe comme tous les êtres vivants de mon espèce. Mes cellules se sont démultipliées vitesse grand V, dix, cent, mille, on ne compte pas. Je suis constituée d’un nombre incalculables d’éléments. Je suis en expansion. J’ai aspiré un grand bol d’air à la sortie, j’ai dû avoir mal, j’ai réussi mon entrée. J’ai un prénom et de la tendresse. Je pleure, je tète, je crache, je hurle. On répond à mes appels. Je regarde les grands s’agiter devant moi. Je bouge mes mains mes pieds mes yeux mes lèvres sans pouvoir tout contrôler. Je suis désordonnée, désaccordée, décousue. J’ai un bon capital santé, je suis soignée aimée reconnue. J’ai un capital génétique, culturel relativement convenables. J’ai la base, les outils pour pouvoir avancer, pour pouvoir m’accorder, m’ordonner, me régler. Je suis bien entourée j’ai de la chance. J’aurais pu être l’enfant d’un assassin, d’un viol, de maltraitants. Je ne suis pas éternelle. Je suis née et je vais mourir. Un jour je serai rien.