J’ai senti les troènes du jardin. J’en ai aimé l’odeur. J’ai fait ce qu’on m’a dit de faire. J’ai fait ce qui m’était promis. J’ai admiré le ronronnement des abeilles. J’ai souri, j’ai chantonné. J’ai cru ce qui était à croire. J’ai senti mes pieds glisser sur le sable. J’ai laissé la mer m’envahir. J’ai aimé la pluie. J’ai aimé la nuit. J’ai prié. J’ai entendu des voix. J’ai chanté plus fort. J’ai parlé aux arbres. J’ai appris des nuages. J’ai eu le grand désir d’aimer. Pas sûr de ne pas avoir fait mal. J’ai vécu comme une algue. J’ai dit oui. Je me suis glissé dans d’autres vies. J’ai marché seul, peu sûr d’admettre que l’étranger est responsable de mes errances ni des tiennes d’ailleurs. J’ai deviné, entre mille, l’idée de liberté. Ai-je compris la beauté du monde ? Ai-je voulu entendre ta douleur ?
J’ai levé mon petit poing. J’ai hurlé en silence. J’ai pensé contre. Ai je aimé assez ? Je me suis inquiété de ne pas faire ce qu’on m’a dit qu’il aurait fallu faire. Ai-je exprimé la moindre gratitude ? Je n’ai su parfois que la violence, méconnu la tolérance. J’ai accueilli la détestation.