Je suis née au moment où je m’y attendais le moins. Je m’étais faite au néant depuis l’éternité. C’était facile à jamais.
Je conçois des images grossies au microscope pour imaginer ma propre conception. Je suis une abstraction. J’étais deux gamètes. Je n’étais pas. Il y a deux gamètes. C’est tout moi.
Je passe un tunnel de chair. Je veux passer par là. Je veux déjà je vis.
On me pousse, on me chasse, on m’expulse ou je rêve ?
Je goûte en mes poumons quelque chose de nouveau. Ça ne me plaît pas. Je crie. Que ça me plaise ou non, je vis. Je suis en colère. On m’a attendue neuf mois. Maintenant on attend de moi.
Je suis entourée de sourires. Je suis là pour eux peut-être. Je suis là parce que peut-être. Je n’y crois pas.
Je crie et je respire, je tête, je grossis.
Je parle et je respire, je marche – ou je me tais. Je suis née fille et c’est comme ça. Tout ce qu’on attend de moi ! Je le supporte et je l’assume, bientôt le revendique. Mes seins pointent vers l’avenir. Je m’émerveille au monde. Je ne me fais pas à habiter le monde. Je reste en colère.
Je respire.
Je ne fais que passer.
c’est tout toi…
…tu crois ?
Un étonnement. Deux seins qui pointent. Émerveillement et colère. J’aime cette façon de passer.
Merci Nathalie.
Hello Laure,
C’est plein de promesses, de bourgeons, la rage de fille revendiquée,
Et le corps qui entraîne
A la suite alors,
Pas toujours de suite dans les idées quand je commence un atelier, je laisse aller, on verra où ça emmène.
Merci pour la « colère », trop souvent contenue et qu’on dit sourde, affichée là, déjà et qui se fait entendre. Merci de la faire respirer dans un monde au bord de l’asphyxie.
Tu as raison la colère on l’a quelquefois, et depuis longtemps, et on n’ose pas la dire car on a appris qu’il faut rester poli, positive et polie.