Proverbes

Encens

elle achetait la lessive Bonux… dans le paquet  il y avait des cadeaux pour elle …… un cache-pot ou un bouquet de fleurs en plastique ou un jouet pour moi Aide toi le ciel t’aidera……….. elle chante souvent … froufrou …………..méditerranée….plaisir d’amour… quand je suis malade un cahier de coloriage des crayons …et une horloge sur la cheminée pour apprendre l’heure …… il choisit les habits pour elle y compris les bas pour la coiffure le maquillage il laisse faire……. il met beaucoup d’Eau de Cologne sur ses joues et peigne soigneusement sa calvitie …… quand je suis insupportable elle étale sur son lit le contenu de deux lourds tiroirs …. Bouts de rubans bagues colliers bracelets cassés bouts de papiers écrits boutons de manchette  on les manipule après on les range par genre ….. … quand quelqu’un  n’est pas habillé à son goût elle dit qu’il est mal fagoté ou qu’il  est habillé en tuyau de poêle ……..  … dans un tourne disques gainsbourg/birkin  je t’aime moi non plus …………… comme on fait son lit on se couche ……..Tous les deux aiment les proverbes ………….ils me répètent souvent couvre toi il fait froid dehors…..il marche toujours très vite… quand j’ai marché aussi vite que lui il s’est dit à haute voix elle marche aussi vite que moiquand il est parti elle l’a suivi sans hésiter.

Hypothèse 1 Comme on fait son lit on se couche

Ils aimeraient tellement les proverbes. Ce serait magique. Quelques mots  pour ranger le monde, lui intimer un ordonnancement où plus personne ne se perdrait, où tout serait prévisible. Avec les proverbes, les aléas de la vie seraient totalement déroutés, ils se tiendraient cois. Inopérants les aléas. Ce serait si doux de constater le déploiement de l’inconnu vers finalement une adéquation parfaitement maîtrisée. Finis les malaises, les doutes, les errances. Les pensées se promèneraient chapeautées haut de forme et en chaussures lacées cirées. Contenues. Sauf exception : la goutte maligne qui ferait déborder le vase…

Hypothèse 2  Aussitôt dit aussitôt fait

Il aurait voulu sortir faire un tour. Juste sortir se dégourdir les jambes. Juste prendre l’air. Juste partir. Elle l’aurait suivi à petits pas pressés le nez dans son sillage. Elle l’aurait suivi comme on suit sa propre ombre. Et sous la lune, ils auraient dévalé les collines, mouillé leur pantalon dans des rivières poudrées, ébouriffé leur cheveux et nourri leur rancune de se voir si peu joyeux de tout cela. Ils auraient couru pour se perdre l’un l’autre, pour ne plus s’appartenir mais ensemble sans se départir d’un Autre et finalement, ils se seraient perdus. On ne les aurait jamais retrouvés.

Hypothèse 3 Chacun voit midi à sa porte

Elle marche aussi vite que moi. Bientôt, elle me dépassera.  La guigne aurait-il marmonné.  Il aurait trépigné au dedans de lui, je l’aurais perçu à des mouvements minuscules que son corps aurait produit : nervosité de la jambe sous l’habit, joue sous le poil frémissante à peine, lèvres bien closes et ligne des sourcils rapprochée. Nous aurions continué à remonter le boulevard Magenta côte à côte au pas de course, il aurait brandi sa canne au-dessus de sa tête forçant les voitures à s’arrêter alors que nous aurions traversé la chaussée. Fureur des klaxons, pigeons en déroute sur le trottoir, approvisionnement expédié au marché St Quentin. Finalement, sur le chemin du retour, il m’aurait désigné un banc où nous nous serions assis et il m’aurait pincé très fort la joue tout en m’embrassant avec fougue.

Hypothèse 4  C’est l’occasion qui fait le larron

Elle aurait chanté tout le jour et toute la nuit et tout le jour suivant et encore et encore Froufrou Froufrou elle aurait beaucoup dansé et virevolté et il l’aurait beaucoup regardé. De pistes de danse en pistes de danse, ils en auraient vu du paysage, ils en auraient  capitonné des champs de bataille peuplés de prompts renoncements, de paroles se voulant consolantes, apaisantes. Elle lui aurait appris Plaisir d’amour ne dure qu’un instant chagrin d’amour dure toute une vïe. Il l’aurait fait valser plus d’une fois et à chaque fois, il l’aurait récupéré. Toujours le souci du retour, de l’éternel amour. L’âge aidant, il aurait chu dans le pré sous la terre et son corps se serait mâtiné de pâquerettes voltigeuses jusqu’à tapisser la prairie toute entière tandis qu’elle se serait amusée à le rejoindre incognito en endossant l’œil des papillons blancs virevoltant parmi les fleurs vers de nouvelle épousailles.

A propos de Louise George

Diverses professions et celles liées au "livre" comme constantes.

2 commentaires à propos de “Proverbes”

  1. Confortables, les proverbes, c’est vrai ! on s’en tapisserait bien la mémoire, ils seraient là pour trouver à donner une leçon sur tout – ils changent d’une famille à l’autre selon les tempéraments, ils ont aussi leurs frontières ! Merci d’avoir fait remonter tout ça !