De librairie de cœur, je n’en ai qu’une : Jonas ! Je passais chez Jonas tous les jours ou presque en sortant du métro pour rentrer chez moi, j’y allais le samedi, j’y allais le soir, j’y allais tout le temps pendant vingt ans.
À ses débuts , la librairie Jonas avait été aussi discothèque installée dans un 13eme arrondissement encore ouvrier, son nom avait un sens dont je ne me souviens plus et un dessinateur célèbre lui avait fait un croquis rien que pour elle. J’y allais pour les livres, j’y allais pour les fournitures scolaires à la rentrée, j’y allais pour papoter, rédiger le journal de quartier, préparer des reportages, concocter des sorties, fêter le nouvel an.
À force on devient amie avec la libraire, les aides-libraires et tout le petit monde qui hante les librairies. On s’échange des recettes, on partage des coups de cœur, on refait le monde en buvant un thé, on rédige la lettre d’invitation d’un auteur.
Souvent, le livre acheté, j’allais le lire au café du coin. J’aimais ça. Puis mes samedis matin entre librairie et café, je les ai troqués contre un abonnement au Gymnase club. Je fumais peut-être moins ou j’essayais, mais je lisais toujours autant et j’achetais toujours mes livres chez Jonas.
J’ai quitté Paris pour un village sans librairie ni café. J’ai quitté Jonas et ses violons de la baleine blanche. Chez moi désormais, Il y a la nature bien sûr, le jardinage et les promenades, Amazon et la poste pour avoir aussi vite qu’on le désire un livre dans sa boite aux lettres. Il m’a fallu du temps pour retrouver à la bibliothèque du village cet art de vivre avec les livres et les gens. Je suis maintenant bénévole à la bibliothèque de mon village (en réseau avec d’autres bibliothèques communales). Un petit foyer de contestation de la politique culturelle municipale est en train d’y naître.
Jonas existe toujours, libre, belle et rebelle depuis 1957
oh devrais y passer dans ce village (et je me convertirais aux bibliothèques en contestant avec vousi
OUi, il faut venir. Mais j’ai bien peur d’être exclue du cercle des bénévoles pour refus de signature de la charte du bénévole en bibliothèque publique (un modèle qui date d’un quart de siècle)