L’été, les vacances, le pré entre les deux rivières. Soleil | nuages | brise | ombre. Des haies d’arbres tout autour. Sur la couverture à carreaux étalée, un jeu de cartes pour une bataille | un Uno | 7 familles | 1 000 bornes. Une pièce à trou qui glissera le long d’un fil de main en main. Des osselets. Il court, il court, le furet…
Un tronc d’arbre pour passer de l’autre côté de la rivière, dans le grand champ de blé | maïs | tournesol | orge. Le chien qui détale comme le lièvre qu’il aura flairé, avec un nuage de poussière.
Goûter en pain, beurre et copeaux de chocolat | en poudre | Benco, plein la goule et les doigts. Pour Margot, l’herbe à brouter | tondre | raser | ruminer, en soufflant. Coups de tête contre les mouches autour des yeux. Des coups de fouet avec la queue. Et de l’herbe à lapins dans un sac en toile de jute.
La petite pente vers le passage à gué. On a creusé dans la terre, découvert une caverne à taille de rien pour bonhommes de paroles bavards. On a planté le petit tuyau du poêle en fonte abandonné sous le balet. Un peu d’herbe sèche dans la caverne, un peu de papier, la boîte d’allumettes chipée. Ça fait un panache de fumée blanche. Le petit peuple de paroles vient se réchauffer là. Alerte au feu ! Alerte au feu ! — Vite vite ! Tout le monde à l’eau ! La cheminée effondrée.
Parfois, avant d’arracher les pissenlits, une course en sac.
L’autre pont, deux énormes pierres de taille et une grosse brèche. On monte, on descend. On va d’un caillou à l’autre dans le lit de la rivière. (La Molle.) Équilibre instable. On s’appuie sur les arbres. D’épaisses lianes de lierre courent sur les peupliers. Des araignées d’eau patinent. Nuée de moucherons, moustiques, libellules silencieuses en vert, bleu, orange. Chants d’oiseaux invisibles. Et les pierres sauteuses pour un chien fou de bassins qui va et vient dans l’eau. Pierres à sauter | aboyer | crier Va chercher ! va chercher ! Plonger. Ressortir avec la grosse pierre, en tirant, tirant. Allez tire ! tire ! S’ébrouer en rafales, comme de la pluie sur le visage. La vase à glisser entre les doigts de pieds.
Un arc, un carquois et quelques flèches. Une liane de peuplier pour passer le fleuve. Tomawak en plastique pour scalps d’arbres morts. Sous le cuir raviné de l’écorce, un os tout doux, comme une peau laiteuse.
Le paon du voisin, de l’autre côté de la rivière, de la palisse, quelque part dans le coteau, le bosquet. Léon ! Léon !
Texte 8.1
Texte 8.3
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