La caméra avance sur le dos d’une fourmi, attachée par petite sangle à l’abdomen. Autour, les grands humains penchent leur torse pour mieux voir. La fourmi a entière liberté de circuler, au sein d’un espace en revanche clos. De grosses machines bourdonnent dans la pièce, contre les murs un peu loin de l’espace clos où la fourmi circule, entre les pieds des humains en rond qui s’en fascinent. Les grosses machines noires sont un peu chaudes, on ne les a pas éteintes depuis longtemps. Peut-être faudra-t-il, ce soir en partant, les couper, et tant pis si demain y’aura le temps de tout les relancer. La fourmi dormira dans sa boîte transparente, recouverte de mousse verte, pour moins la lumière et le stress. Pour la fourmi, depuis l’intérieur de la boîte, la mousse verte est noire.
Le peintre aurait décidé de tourner sa toile sur l’envers, par terre, de façon donc à ce que la face de la toile touche le sol – de la terre humide- et qu’il puisse, surtout, marcher sur l’envers et ainsi à peine écraser la toile, et que, du côté qu’il ne voit pas, dans cette part noire d’entre la terre la toile collées et dérobées à sa maîtrise, se passent des choses inconnues, traces chocs plus ou moins grands frottements, et qu’il puisse alors tout à la fois connaître la jouissance des dieux, de déclencher un monde, et l’autre jouissance des dieux, de n’en plus rien savoir.
La danseuse s’est séparée de son ombre, qu’elle a préalablement enregistrée et fait bouger, comme poupée de carnaval qu’on anime dans son dos à l’aide de bâtons. L’ombre de la danseuse, comme cela arrive peut-être à l’occasion de certaines sorties de corps, plus ou moins orient-ou-occidentales, danse ainsi par terre, immensément seule, immensément belle surtout – peut-être trop? Peut-etre ce point là de beauté, de solitude et beauté, c’est danger?