#enfances #06 | Œuvre vive

Je parle d’une voix qui n’existe pas. Je parle d’une voix qui ne s’entend pas. Je parle d’une voix qui n’est pas de « ce » monde. Je parle d’une voix qui ne se partage pas. 

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Verrouillée. Barrée. Une voix sans accès.
Sans issue. 

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Qui ne se « peut » pas. 

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Ou de synthèse. 
Peut-être… 

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Elle est très ancienne. Elle est primordiale. Ancestrale, elle remonte plus loin encore. Toujours. Plus profond. 

Plus présente encore.

Voix propre à chacun. Une. 

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Une voix en dessous de chacun. Qu’une. Juste sous. Passée en contrebande. Elle voyage en soute. 

À fond de cale. Ballast. Sous — ceinture — une ligne de flottaison. 

De trajectoire parallèle — sous d’autres latitudes cependant. (Ou longitudes — c’est égal — circulant dans tous les sens, profitant de tout canal, perpendiculaire, diagonal, du moindre biais — du premier.) 

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Voix du premier venu. Un cri ? Du primo-arrivant. De détresse ? Du nouveau-né. À vie ? 

(Personne étrangère, arrivée pour la première fois en France afin d’y séjourner durablement. Définition. Ne possédant pas la langue. Ne possédant pas les références. Merci de votre bonne incompréhension.) 

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Les œuvres vives. Définition. 

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Je ne sais pas de quoi je parle. Je n’entends pas ce de quoi je parle. Je n’ai pas de définition de ce de quoi je parle. Je ne dispose pas de cette voix. 

Je prends cette voix comme elle me vient. Quand elle me vient. Je ne la comprends pas. 

Irrémédiablement étrangère. — Aliénante, également. 

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… Voilà que je me laisse emporter par des mots. 

Or cette voix — la voix — est en dehors des mots. 

Elle est toute extérieure aux mots. Elle est le dehors même — aussi bien puis-je dire qu’elle en est le dedans. Ce qui est exact. Elle est le contact même. 

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Cette voix n’a rien à dire. Cette voix ne me dit rien. C’est une voix qui n’a rien à dire. Qui me comprend — elle. 

Tout entier — elle. 

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4 commentaires à propos de “#enfances #06 | Œuvre vive”

  1. Très interessant ce non-dialogue et certainement à developper je dirais, si j’avais de la voix

    • Merci Catherine de votre retour. Non-dialogue, certainement. Merci cependant de faire lever le doute. La question d’un dialogue, de l’éventualité d’un dialogue avec cette « voix », je ne me l’étais pas posée… Sans doute parce qu’elle est de ces voix, vous savez, que nous avons (petits doigts) (qu’est-ce que c’est ?)