Sur le blanc laiteux d’un pétale de fleur de Magnolia, une ligne, un cœur gravé se révèle et prend couleur de rouille.
Glisser les allumettes en bois à bouts multicolores et brillants du Coloredo1 dans la grille en carton en suivant le modèle choisi… et caresser le résultat du bout des doigts.
Le goût sucré des fleurs d’acacias, celui de réglisse des racines de petites fougères des bois.
Cristaux de sel à la transparence opaque cueillis dans les marais salants.
En fin d’année, dans le froid, un souffleur de verre de passage sur les allées Paul Riquet fait naitre sous nos yeux d’élégants chevaux cristallins à la crinière cassante.
Fleur de soufre, couleur rare et précieuse à mes yeux dans les boites de crayons de couleur, ce jaune plus jaune que jaune qui démultiplie le plaisir du coloriage.
Quand le plastique, cette nouvelle matière si douce au toucher, remplace le bois et le fer, les plumiers virent à la couleur et les porte-plumes sont évincés par les stylos.
Enfermée avec le ciel étoilé dans une bulle de rencontres, faire la connaissance de Cassiopée, Vénus et Saturne, Andromède et la chevelure de Bérénice et… parcourir le monde en prenant les voies du ciel en une heure, merveilleux planétarium !
Derrière les vitres de la fenêtre, bien au chaud, regarder. C’est la première fois. Il neige.
Dans un grand magasin de Paris, entre les sacs à main en cuir et les bijoux en or, un escalier roule sa mécanique aux marches en bois jusqu’aux vêtements de femmes du premier étage.
L’odeur des figuiers sous la chaleur écrasante… sentir avant de trouver, de voir, et se mettre à l’ombre.
Des paillettes qui suivent l’horizon sur les cartes de Noël représentant un village au loin sous la neige.
Dans une église ou peut-être une cathédrale, une chorale de cinquante personnes, accompagnée d’instruments à cordes, les voix qui montent et enflent et résonnent et provoquent une turbulence des sens.
Dans l’obscurité rouge d’un labo-photos, au fond d’un bassin en plastique gris nage une feuille de papier blanc sur laquelle apparait , se révèle lentement le portrait en noir et blanc tant attendu.
1- Coloredo : jeu de constructions aux allumettes multicolores Médaille d'or foire de Paris en 1946
Une belle promenade dans ces surgissements. Le Coloredo et les paillettes qui suivent l’horizon, je les avais oubliés, le plaisir de retrouver dans les textes des autres nos propres émerveillements.
Merci Isabelle pour ce passage dans mes écrits. Je n’ai pas encore pris le temps de faire cette même promenade dans les écrits des autres étant en vadrouille. Mais bientôt je me pose et je viendrai vous rendre visite. A bientôt donc
Beaucoup de couleurs, d’odeurs, tous les sens en éveil, en merveille, qui rassurent un peu quant au sort du petit corps transparent, qui paraissait n exister pour personne…
… une transparence qui vibre… se met en éveil… et s’empare des couleurs et des odeurs et de… et de …
Merci pour votre lecture qui me touche… je viendrai dès que possible (j’aime quand j’ai un peu de temps devant moi) me promener dans vos textes… à bientôt
Oh, les cristaux des marais salants, et ces évocations de Noël ont fait ressurgir les vitrines des grands magasins, quel émerveillement à chaque fois, j’en avais même fait une rédaction en cm1 ou cm2.
Je ne m’en suis jamais lassée malgré la débauche actuelle de lumières et autres décorations… Il serait intéressant de retrouver cette rédaction… parfois on en a un souvenir assez précis et c’est émouvant. Merci de votre lecture et à bientôt dans vos émerveillements
Oui le coloredo avec la main qui glisse dessus, et l’escalier roulant, et le bouleversement à l’écoute d’une chorale…Merci pour avoir redonné vie à tout cela!