Dans le noir de chaque nuit, ne pas s’endormir et attendre. Surtout ne pas s’endormir et attendre qu’ils soient tous couchés. Attendre puis se relever, se relever dans la nuit et vérifier. Se relever et se glisser vers eux dans le noir et vérifier, comme les autres nuits, qu’ils sont toujours bien là. Pas possible de dormir sans ça, pas possible de dormir sans eux. Cette nuit-là, trop de sombre. Se relever, se glisser et se retrouver là, en plein milieu d’un noir de velours, mais ni leurs ronflements, ni les rais de lune, rien pour se guider ni s’orienter. Partout, tout autour, des murs noirs, des murs tout épais de nuit. Se figer, se figer et les pousser, les pousser ces murs de nuit et puis basculer et tenter un pas vers le devant. Rien. Rien d’autre que ce vide de noir. Alors, avec le froid qui monte du sol, cette peur qui remonte aussi, une peur panique. Elle remonte, elle remonte cette peur d’être coincé dans un cauchemar, elle déborde, elle explose, elle explose dans ce noir de la nuit, elle explose dans un cri d’enfant.
Maman !!
D’abord les infinitifs comme des garde-corps, consignes données à soi-même, une ligne de conduite et de vie… et puis, c’est fatal, le présent s’impose, « déborde ». Détresse. Voilà qu’on est repris, submergé, dans le cœur de ce trou ou cristal noir
Merci pour ce texte intense qui dit si bien les peurs de l’enfance…