Elle va dans un grand magasin avec Maman. Elle tient fermement sa main car il y a beaucoup de monde. Elle regarde autour d’elle, à hauteur de ses yeux, elle voit les manteaux des autres gens, c’est l’hiver. En bas des manteaux, elle voit les chaussures. Maman a mis ses jolies chaussures noires qui brillent et font du bruit et elle a son beau manteau rouge avec du tissus noir tout doux au bout des manches. Mais elle n’arrive pas à entendre leur bruit car les gens parlent forts et tous en même temps. Autour d’elle, il n’y a que de grandes chaussures, elle regarde longtemps ces chaussures, noires ou marrons. Les chaussures vont dans tous les sens, sans se cogner sans se marcher dessus. Dans le grand magasin, les chaussures se croisent dans les petits couloirs qui sont entre les rayons. Elle connait le nom, c’est un rayon, pas comme ceux du soleil ou des roues de bicyclettes. Ces rayons-là ressemblent à des grandes tables avec dessus des choses que les gens prennent, regardent et parfois reposent. Elle ne voit pas ce qu’il y a sur les tables. Et ça ne l’intéresse pas, alors elle regarde les chaussures qui passent autour d’elle. Maman s’arrête pour regarder quelque chose sur une des tables, elle lâche sa main. Elle attends un peu, puis décide de reprendre la main de Maman. Elle la cherche et voit la manche rouge avec du noir tout doux autour, elle attrape le manteau car la main tient une écharpe. Accrochée au manteau, elle repart vers un autre rayon. Après quelque pas, Maman s’arrête, et lui parle mais ce n’est pas du tout Maman, c’est une dame qu’elle ne connait pas. Pourtant, elle reconnait le manteau rouge. Où est Maman ?
Elle n’a pas le temps d’avoir peur et de pleurer, car sa vraie Maman crie très fort et l’appelle. Les grandes chaussures arrêtent de marcher et s’écartent autour des jolies chaussures noires qui font du bruit. Maman se penche pour la prendre dans ses bras.
C’est le second texte où il est question de tenir une main. Surement pas par hasard ou pour rien. Cette histoire de main qu’on tient et qui soudain n’est plus qu’un vide, une angoisse ; ça fonctionne bien dans cette proposition de prologue et de perte. Cette histoire de main est une proposition dans la proposition dirait-on. Un symbole .
Merci Patrick pour ta lecture et ton commentaire.