P.S. auteur de P.S.
Pour rendre vivante et même défendre l’idée de cryptérature, j’ai choisi l’alternance entre les comptes-rendus des réunions de l’Académie suédoise, puis du comité réuni ad hoc -avec Pelle en figure d’initiateur/défenseur et des vignettes constituant autant d’exemples d’écritures ne s’étant pas prises au sérieux d’une publication possible et s’étant offertes pourtant sur des murs, sur ou sous des meubles, dans des cahiers parfois abandonnés, parfois retrouvés… L’espace le plus propice aux premiers jets s’avéra être l’espace mobile du train Cahors-Toulouse avec sa litanie de gares : Lalbenque-Fontanes, Caussade, Albias, Montauban-Villebourbon, Castelnau d’Estrétefonds…
Cela m’obligea à une pratique acrobatique de l’accès à internet. Tout ce qui devait passer par l’ordinateur, tels les tremplins verbaux d’écriture, devaient avoir été écoutés avant, souvent la veille au soir et retenus sous forme de bribes pré-écrites. Les renseignements purement informatifs, telles les listes décennales des lauréats et -plus tard, bien sûr lauréates- du Prix Nobel de littérature ou encore la liste actualisée des membres de l’Académie suédoise -ne serait-ce que pour jouer avec des initiales crédibles- devait être cherchés via le téléphone en profitant des tronçons de rail sans tunnel et sans passage en déblai trop abrupt…
Cela me valut l’exquis rendez-vous au café Fika de la rue du Taur avec Svante, pour tenter de décalquer sur fond d’ambiance toulousaine -l’ambiance de mes ruminations d’écriture- quelque chose de ce moment fika qui semble être important dans la vie urbaine à Stockholm, en tout cas pour le genre de personnes que j’imagine être les membres de l’Académie suédoise.
Ainsi ai-je pu assumer mon projet, cette chose à la fois déjà écrasante et pourtant à inventer. Glisser les pistes d’invention dans un atelier d’écriture ou plutôt tirer d’un atelier d’écriture des ficelles d’invention.
Evidemment, il faudrait peut-être aller se teinter à Stockholm… Mais il me paraît impératif d’y aller sans passer par les bourses d’aide parce qu’entrer dans les dispositifs des institutions littéraires reviendrait à trahir le projet d’un Prix Nobel de cryptérature…