Pour qui se prend on ? On pense savoir m’écrire ? On pense savoir ce que je dis, ce que je pense, ce que je ressens et ce que je vis ? On pense pouvoir me traiter ainsi telle une marionnette entre des mains agiles ? Me trimballer de chapitre en chapitre en dressant un portrait de moi tellement éloigné de la vérité, de ma vérité ? C’est ainsi que l’on pense, c’est ainsi que l’on ose me décrire ? Et bien on se trompe ! On se trompe sur tous les points, sur chaque mot que l’on me donne à dire, chaque chapitre dans lequel je navigue, chaque pensée que l’on m’invite à rêver, chaque action que l’on me fait vivre. On ne sait rien de moi, absolument pas le moindre petit détail. On fabule, on prend des libertés, on me manipule mais on ne connait même pas mes recoins les plus intimes. On peut m’inventer autant qu’on le veut mais on ne saura jamais l’infime parcelle de ma réalité. On ne sera jamais capable de déceler mes secrets cachés, mes hontes les plus vives, mes idées les plus salaces. On ne fera qu’écrire que l’on est et non ce que je suis. On devrait avoir honte de m’utiliser ainsi pour se dévoiler. Ces mots ne sont pas les miens. On se cache derrière moi mais on n’est pas moi. On est une impostrice, une compositrice, et j’aimerai vous détester mais je ne le peux pas, parce que je vous aime, j’aime ce que l’on fait de moi, j’aime être entre vos doigts…
…. alors je vous en supplie, continuons de me faire exister !