Je suis née avec le front populaire les congés payés la guerre d’Espagne. Je n’étais pas un garçon. J’ai grandi dans la sévérité. Je me taisais. Je me suis ennuyée. Je rêvais. Je lisais Delly et Pearl Buck. Je récitais des prières. J’y croyais. J’attendais l’amour-toujours. J’y croyais. J’ai rencontré mon prince charmant. Enceinte je me suis-j’ai été mariée. Je lisais Faulkner et Simone de Beauvoir. J’officiais femme de médecin. Je m’ennuyais. J’étais fidèle. J’ouvrais la porte du cabinet. Je souriais. Je me suis lassée. J’ai aimé ailleurs. J’ai aimé autrement. Je vivais. Je riais de tout de rien. J’étais embellie. Je chantais dans les manifs. J’ai jeté mon soutif aux orties. J’ai crié ma colère. J’ai divorcé. Je lisais Marguerite Duras et Annie Ernaux. J’étais fauchée. Je m’en fichais. Je croyais en l’amitié des femmes. Je doutais des hommes. Je rêvais de jours meilleurs. Je disais mes enfants-merveilles. Je lisais Dolto et Lacan. Je travaillais dur. J’ai fait mon trou. Je m’en suis sortie. J’ai rencontré l’homme de ma vie. Avec lui je riais. J’ai voyagé. J’ai marché. Connu l’inconnu l’ailleurs. Le désert. Rencontré les autres différents semblables. Je traçais derrière Théodore Monod et Nicolas Bouvier. J’ai rencontré l’écriture. J’ai lu Michon Hikmet Perec. J’ai enterré mon homme mon frère des amis. Je les garde en moi. Je suis par eux accompagnée. Je pleure les migrants morts en mer. Les migrants morts dans nos montagnes. Je crie ma colère dans les manifs du 05. J’aide le collectif selon mes possibles. Je suis en vie. J’ai écrit mes décisions anticipées de fin de vie. Je range mes papiers mes placards. Je prépare un voyage les pays baltes plein nord dans le regret du sud. J’ai commencé un bouquin de Ricardas Gavelis « Vilnius Poker ». J’organise la maison pour les prochaines vacances, la famille, les amis. M’enchanterai du rire en cascade de ma petite fille de la voix grave et tendre de mon petit fils des soirées au coin du feu à discuter en famille. Des parties de scrabble avec ma belle-fille. Acharnées les parties. Ma belle-fille une amie. Je prépare les confitures d’affoulat. J’ai le rachis lombaire qui dégénère. Je fais de l’aquagym. Plaisir enfantin à jouer dans l’eau. En juin je retournerai en Bretagne. Mouettes-varech-crêpes. Je relirai Guillevic. J’espère la première neige. Les premiers lilas. Les premières cerises. Je vis dans la montagne-merveille. Je marche tout au long de ses sentiers paisibles. Je lis Russel Banks Cormac Mac Carthy Mordecal Richler. Par beau soleil au bord d’un torrent. En paix. Je vis. J’écris.
la chance – la classe – la vie…
Une instroprectionnsi apaisée. Merci !
Et de si belles lectures…
Un parcours de vie tout en suggestion, sobre et percutant!
Beaucoup aimé ce texte, cette vitalité solaire !