#reprise autres cycles | s’il fallait l’oublier

je sais bien où trouver les trucs – mais je ne les cherche plus je suis fatigué tu sais – il y a au fond du jardin une possibilité de se trouver sur le chemin des ondes – je n’aime pas ce monde qui me le rend bien – il faudrait que je pose des liens mais j’en ai ma claque – je vais m’arrêter, aller chercher les enfants à la gare et oublier un peu – faire cuire le poulet – en réalité (quelle réalité ?) elle se trouve un peu partout – un peu d’Ava Gardner, un peu de Patti Smith, pas mal de ma Magnani, beaucoup aussi de Virna Lisi – il y en aurait beaucoup à énoncer : des brunes, hein : sa mère que j’aimais tant les portait bouclés (c’est ainsi qu’elle en avait hérité, je ne l’ai jamais vue avec des bigoudis – ça existe ça,les bigoudis) et sur la fin les teignait de mauve – beaucoup de Monica Vitti parce qu’elle était marrante comme tout – le rire c’est important, la moquerie fragile, l’humour qui emporte, c’est important – comme de regarder en arrière et de ne pas faire de mal à ceux qu’on aime (celles aussi, mais elles sont déjà dans ceux) (j’emmerde l’inclusive – je hais le détail de ce monde) – et donc c’est arrivé hier, je l’ai laissé venir et merde au reste – il faut que les choses avancent, mais dans quel sens ? « Free money » chante Patti  » Find a tickett /Win a lotery » – je vais le mettre dans la nouvelle catégorie parce que tout fait partie de tout – ça s’intitule dans le dossier « été 2023-3 .2 » – c’est une suite du début, c’est un caillou pour le chemin de graviers de l’argent du jour –

ça me fait penser à justement ce fait : j’en ai déjà parlé ailleurs peut-être, en vrai non, mais à présent les choses se bousculent se brouillent et ça se complique un peu, je ne sais plus
on a quelque chose à vous dire
on était tous là (il y avait autant de garçons que de filles), au loin se découpait la côte du continent – on ne nageait pas
on dit barboter
on voyait se dessiner la montagne au pied de laquelle se trouvait la propriété d’un des oncles (par alliance, il s’agissait de son beau-frère, par le fait, on dit qu’il battait sa femme, sa sœur donc) (ce « on » là est à peu près invisible vu d’ici)
il s’agissait des mêmes jours, des souvenirs de ces jours-là où le tour de France arrivait aux Champs Elysées le quatorze juillet parce qu’il n’y en avait rien à foutre de l’armée, des tabliers de la légion et de son « tiens voilà du boudin »
plus tard, bien plus tard, bien avant le tournant disons du siècle (Victor indique « ce siècle avant deux ans » et plus tard encore « près de moi un peu chaque matin » – tu vois,là, c’est comme l’amour qu’on porte à ses enfants parfois à ceux des autres, c’est là, un peu, chaque matin), elle portait des lunettes et des pantalons, elle était orpheline (sa mère venait de mourir, elle avait vécu ses dernières années dans la chambre, tandis que elle, sa fille cadette, dormait dans le salon aux deux lits tous ses enfants étaient partis, qui en Italie, qui rue de Lille) et nous invitait les vendredis (ce qui n’avait rien à voir avec rien, sinon qu’elle aimait recevoir – enfin peut-être pas, mais elle nous savait désargentés) et ces jours-là, on regardait un peu la télé, pour rentrer on prendrait en fraude le 63, elle était dans son fauteuil à oreilles qu’elle retapisserait quelques années plus tard, ses cours de marqueteries, ses clous de tapissier à grosse tête et elle
quel salaud !
voyant cet auteur saoul regarder sous les jupes d’une autrice ou bien
quel sale con !
voyant un type d’art qu’il prétendrait par coquetterie, mineur brûler un papier qui était billet de banque, cinq cents francs, pasteurisés ou quelque chose
quelle ordure !
ce pédophile courtisé par la bienpensance la bienséance la bourgeoisie la bonne société
et parlant de cette chose (la société) je ne me souviens pas du tout, je n’ai pas le moindre souvenir de m’y être intéressé, les voitures oui, les amours évidemment, le cinéma à peine et le billard pas mal, mais des classes catégories dispositions conventions connivences de la « misère du monde » non, du tout – c’était l’époque où ils exerçaient leurs terrains justement – le consensus et le conflit – ces choses-là, non – il y avait Chirac un type dans le poste
quel beau gosse
c’est un con ! disait mon frère
puis lorsque Balladur un autre y passait, elle jetait sa pantoufle contre l’écran « dire qu’il y a une conne qui le trouve beau et qui est folle de lui… » – il manquerait ses rires et ses colères, il manquerait beaucoup d’autres choses s’il fallait l’oublier

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

4 commentaires à propos de “#reprise autres cycles | s’il fallait l’oublier”

  1. Merci Piero pour ce flot de mots jetés sur le papier qui me transpercent au fur et à mesure que je les lis, merci Piero pour ce texte que je sens projeté comme une flèche, sur cet écran et que je reçois en plein coeur, en ce dimanche de soleil se battant avec le vent. Merci à toi, ami d’écriture.