Le vent mugit et le réveille. Il se lève et ouvre avec le mouvement de tout son corps les volets pour les plaquer au mur. La voûte d’yeuses et de cèdres s’agite au dessus de la route à l’entrée du village ; les bambous au bord du canal se couchent par vagues, les séquoias ne bronchent pas. Il passe de l’eau claire sur son visage et s’habille rapidement. Il descend l’escalier grinçant sous ses pas. Des braises sont encore présentes dans l’âtre de la cheminée. Il réchauffe du café et l’avale avec du pain complet et de la confiture de coing, assis seul sur une longue table en noyer. Il jette un coup d’œil sur ses notes de la veille prises sur un petit calepin qu’il emportera avec lui. Il rejoint par un couloir l’atelier adjacent à l’odeur de sciure, empoigne le tube d’acier de sa Gladiator. Par l’extérieur, il la pousse dans le grand hall voûté de l’entrée pour se protéger des rafales du mistral. Lovée dans un large fauteuil recouvert de velours vert au fond de la pièce, sa fille les cheveux en broussailles le regarde silencieusement se préparer à partir.
On perçoit si bien le bruit le mouvement du vent. Le nom Gladiator brille au centre de ce beau texte dense