Florida a un peu de peine à marcher. Il faut éviter les racines et les ronces, lever la jambe un peu haut pour son âge, éviter de tomber. Le journaliste l’aide un peu mais il a sur lui tout un barda. Puis tout à coup, c’est là : l’entrée de la grotte, les deux entrées, les kannè à Dzolyè, et Florida n’ose pas entrée. Elle se tient debout. Elle regarde le journaliste qui prend une photo. Florida attend Séraphine. Elle a faim. Elle espère qu’elle viendra. Elle a dit, à l’école. Un peu de pain, de la soupe, un reste de lard, s’il y en a. La grand-mère est partie. Les petits jouent. Florida est debout devant la grotte et elle attend. Elle essaie de sourire mais ce n’est pas facile. Elle entre : sur les murs, elle tente de déchiffrer les inscriptions. Il y a des dates : 1974, 1956, 1935. Rien avant, ou effacé. Gaspard est accroupi par terre et avec un bâton il griffe la molasse. C’est une sorte de dessin, un bonhomme, on dirait. Il est trop petit, se dit Florida, pour que ses dessins ressemblent à quelque chose. Il est concentré. Il s’applique. Florida s’est approchée du mur. Elle le touche presque. Ses yeux ne voient plus très bien. Il y a de la mousse, de l’humidité, des lichens, un cœur avec des lettres, A = L, des prénoms, Guillaume, Isabelle, Jean-Marc, un caillou peint en couleurs posé dans une cavité, les traces d’un feu. Le feu s’éteint. Il faut dormir. On déplie la couverture, on appelle les petits qui somnolent déjà, on les installe là où c’est le moins dur puis on essaie de trouver un coin pour soi, comme on peut. Florida veut rentrer. Elle a vu ce qu’elle voulait. Elle n’a pas vu grand-chose. Le soir, elle confectionne des couvertures pour les œuvres de bienfaisance.