#été2023 #01 | Annie Dillard, le roman commence par en inventer l’auteur

Pour écrire, je n’ai pas trouvé mieux que le confort sommaire d’un véhicule blindé léger. Quel que soit l’endroit. Quel que soit le moment. Ces engins tout terrain m’ont toujours offert un environnement propice au travail d’écriture. Les bruits extérieurs y sont étouffés. Les odeurs de fluides mécanique, celles de terre et de crasse laissées par d’anciennes et longues campagnes, me plongent dans une ambiance rassurante, régressive. Ces caisses d’acier m’assurent une bulle idéale pour l’introspection. Le creuset parfait pour transmuer mes pensées en mots.

Dès mes premières classes, les premières manœuvre, j’ai cherché comment lire et écrire sans trop être dérangé. Malgré l’inconfort et l’agitation de la troupe en action, j’ai trouvé la tranquillité dans nos engins blindés. Aux entrainements, ce sont succédé les Opex. J’ai continué à trouver refuge dans ces endroits grégaires et barbares. Aujourd’hui, même en casernement, dès que j’en ai le loisir, je traverse la place d’armes. Plonge dans les dédales du camp jusqu’aux hangars de tôles. Là, je me terre dans un de ces havre carapacé. A force d’habitude, ils sont devenus le lieu d’épanouissement de mon écriture. Il m’est difficile de dénuder mon esprit au papier sans leur cuirasse bienveillante.

Une fois la lourde porte refermée, l’arrière du tout-terrain m’offre le nécessaire. A commencer par une banquette spartiate, souvent usée, des fois déchirée.

Une fois assis, dans un cérémonial immuable, je libère la lourde tablette de son rangement pour la rabattre devant moi. Je dispose ainsi de toute la surface nécessaire pour y poser cahier, stylo et l’indispensable lampe de camping pour un éclairage d’appoint. Puis je place, face à moi, la photo prise à Paphos lors de mon second retour d’Afghanistan. Celle de cette vulgaire table de jardin en plastique et de ses cinq chaises posées au bord de l’eau, sur le sable mouillé. Il ne m’en faut pas plus. Les éléments sont réunis pour laisser couler l’encre.

4 commentaires à propos de “#été2023 #01 | Annie Dillard, le roman commence par en inventer l’auteur”

  1. oh la la, ça promet, on a envie de faire grande plongées zooms dans le contexte, en particulier premier paragraphe et les métaphores mécanique des fluides et architectures militaires ! attention répétition lourde lourde

    • Merci pour ce commentaire encourageant. J’aurais effectivement pu developper un peu plus le texte autour de ces métaphores. Ca me servira pour la suite si je file le thème.
      Je suis passé à côté de cette répetition. On peut corriger les textes publiés ? ou il esr preférable de les garder avec leurs imperfections ?

  2. La mécanique des fluides appliquée à l’ univers kaki. Bien sûr c’est autre chose d’écrire après la manoeuvre qu’après un travail de manoeuvre maçon comme Thierry Metz. Cela rend curieux ou curieuse de voir si on peut encore écrire quelque chose de rassurant dans un univers si proche de la violence et de la mort . Faut-il être blindé pour écrire dans un blindé ? Est-ce que ça pourrait justifier l’apologie de la guerre ? J’avoue ne pas y souscrire et c’est définitif. Par contre vous lire dans cette cache providentielle n’est pas ininteressant. Cette peau de métal m’inrtrigue…

    • Merci pour votre commentaire qui me fait dire que j’ai là quelques pistes à explorer. Mais il n’est pas certain que cette peau de métal demeure. Il y aura peut-être mû. Ici, c’est plus le brouillard de la création que celui de la guerre.