#été 2023 #2bis | en quête

Celui qui conseillait la rencontre, celui qui avait, disait-il, pris un rendez-vous, assis sur la margelle d’une fontaine de pierre blanche lisse et glissante comme du marbre là où la ville/bourg commençait à se dissoudre, il expliquait, dessinait un crobard sur un bloc posé sur un genou, le commentait. Il a relevé la tête, a souri, a détaché la feuille, l’a tendue, ne pouvait accompagner, s’en est allé, tournant le dos. Se retrouver soudain dans un vide perplexe devant ces quelques traits sans liens, tentant de reconstituer et démêler cette longue tirade pleine d’incises d’où ne surnageaient qu’un nom et une adresse finale. Les yeux tournent autour de la petite place qui dort tranquillement dans le vide.Un temps d’hésitation et partir en tournant le dos à la rue qu’il vient d’emprunter… puisqu’il ne pouvait proposer un accompagnement.. Deux rangées de façades de deux ou trois étages aux proportions simples et belles, maisons de ville ou gros bourg provençal, avec quelques ornements pour les plus larges, et le soleil à l’aplomb. Marche dans le doute quant à la justesse du choix de direction, avancée dans la quête d’un renseignement et dans le désir muet d’une inflexion amenant de l’ombre. Un café fermé dont on contourne les tables, l’amorce d’un virage, deux dandys aux jeans fendus aux genoux et, pour le plus rablé, à la casquette à l’envers, la courtoisie empressée des deux voix superposées puis la confirmation calme qu’il n’y a qu’à suivre, que c’est tout droit. Quelques mètres, une nouvelle courbe, la rangée de façades de droite laisse place à un muret dominant un vallon, la rue tourne à quatre-vingt dix degrés mais ne permet pas, en effet, un autre chemin. S’ouvre une place carrée, deux terrasses de cafés, trois platanes et une plaque affirmant en français et en provençal que c’est bien ici, qu’il n’y a plus qu’à tourner jusqu’à trouver le numéro cherché. Deux étages blottis contre une maison plus haute qui abrite l’un des cafés, deux marches et une porte suivie d’une fenêtre et d’un portail de fer à la vieille peinture crème. Un heurtoir pendant d’une gueule de lion. Suivant les indications données au départ, qui sur ce point étaient claires, le laisser en paix, tourner simplement le bouton guilloché en bronze et pousser le panneau de bois.

image © Brigitte Célérier

A propos de Brigitte Célérier

une des légendes du blog au quotidien, nous sommes très honorés de sa présence ici – à suivre notamment, dans sa ville d'Avignon, au moment du festival... voir son blog, s'abonner, commenter : Paumée.