Nous ne connaissons pas notre voix. Nous ne reconnaissons pas notre voix. Hier, une voix au téléphone m’a dit: j’ai reconnu votre voix. Je reconnais la voix des écrivains que j’aime. Souvent j’ouvre un carnet et je me demande d’où vient ce texte. Un grand vide se fait. Du lointain, presqu’inaudible, une voix me dit: mais c’est toi qui l’as écrit. Une voix qui n’est pas moi. Qui ne me convainc pas tout à fait. Je ne serai jamais sûre de ce qui s’écrit dans les intervales de ces grandes plages de temps où rien ne se passe, quand s’installe l’impossibilité obstinée de faire surgir l’élan ou le plongeon. What a plunge ! le risque de l’écriture. Paul R. m’avait dit un jour: je serai ta poubelle. Un autre jour il m’avait offert son beau stylo plume à l’encre verte. Je traduisais les mots des autres et parfois je risquais quelques ébauches. Des mondes en formation miroitaient à la surface de la page. Quel vertige! Vite, reculer d’un pas. Écrire est dangereux, non?
oui écrire est parfois un plongeon très risqué, merci pour ce vertige !