#été2023 #01bis | Suivre le mouvement

L’enfant assis près du ruisseau, short en éponge, quel âge a-t-il ?
La toute jeune fille sur la pierre au milieu du torrent, là où l’eau est quelques instants retenue pour donner un miroir au ciel, aux montagnes et aux arbres qui se penchent sur eux, a-t-elle un âge ? N’a-t-elle pas des âges alors que la pierre paraît immuable à son œil trop faible ?
Les mouvements de l’eau préfigurent et racontent a posteriori le grand flot de l’écriture qui charrie les histoires, les peuples, les civilisations, les mondes, les brins d’herbe et la fourmi d’innocente agilité traverse ce pont frêle sous le regard de l’enfant qui retient son souffle.


Tant de fois l’écriture commence, nouvelle, entrain sans pareil comme des rails posés dans l’herbe haute qu’il suffit de suivre pour une destination lointaine. Se laisse-t-on faire ? On ne reviendrait plus, mais la main en visière, on entrevoit des confins.

A propos de Emmanuelle Cordoliani

Joue, écrit, enseigne, met en scène et raconte des histoires. Elle a été décorée par Beaumarchais ( c'est un raccourci mais pas une usurpation ) et elle travaille avec la même équipe artistique depuis des lustres ( le Café Europa ) ce qui fait sa fierté et sa joie. Voir et explorer son site emmanuellecordoliani.com

6 commentaires à propos de “#été2023 #01bis | Suivre le mouvement”

  1. « entrevoir les confins » … Immobile . la main sur la visière… capter la vie sans la capturer… Je te suis volontiers Emmanuelle… Je regarde dans la même direction ( pourquoi pas quand il y a des rails, il n’y a alors que deux solutions, laisser couler l’horizon en arrière ou en avant ; de temps en temps regarder sur les côtés ?).

  2. 21. (Il y a aussi l’histoire de la fourmi à miel dans le documentaire de Werner Herzog sur la grotte Chauvet, La Grotte des rêves perdus, quand un Aborigène, accompagnant un ethnographe sur son terrain d’étude, s’installe pour retoucher les figures altérées sur la paroi, l’ethnographe lui demandant alors pourquoi il peint — j’en ai déjà parlé pour un atelier sur la nouvelle —, et l’Aborigène répond : « Je ne peins pas ! C’est la fourmi… c’est l’esprit de la fourmi à miel qui est en train de peindre. » Qui, alors, entrevoit les confins ?)