Décidément non elle a beau tirer sur le fil de sa pelote de laine mémoire, elle ne se voit pas en première fois d’écriture, et alors ici même alors qu’elle l’écrit ce mot écriture elle voit surgir comme un jaillissement le cahier d’école « cahier d’écriture ». Il y avait le livre de lecture et le cahier d’écriture pour les devoirs le soir à la maison. Ce sont là sans doute les premières rencontres, les premiers rendez-vous obligés avec les 26 lettres de sa langue maternelle. Avant il y avait la voix des mots pour dire, les mots et la voix, les mots pour chanter, les mots de la joie, du chagrin, de la colère, ceux pour dire la faim. Mais cela ne suffisait pas de les dire il fallait les écrire, les rassembler, dessiner les lettres de l’alphabet, alors oui cette première rencontre avec l’écriture est peut-être là dans le dessin, le geste nécessaire indispensable à l’obligation de savoir écrire avec celle de savoir lire, une atteinte à l’insouciance de l’enfance, à la liberté de jouer. Il fallait apprendre. Oui ce fut une contrainte, dessiner les lettres, s’appliquer, ne pas dépasser, recommencer. Elle préférait jouer ! Elle ne savait pas encore que les mots écrits seraient dans sa vie et que sa vie serait dans ses mots écrits.
Tellement beau, Marie, ce retour aux choses originelles, oui, le cahier d’écriture et ta conclusion. Texte délicieux et si universel le contenu. Merci.
Merci Anne. Oui les mots dans notre vie, ceux qui nous rassemblent et au début était le commencement…
« Sortez vos cahiers d’écriture » on avait de l’avenir à l’école, vous en parlez si bien. Merci
Et l’avenir se révèle aussi dans les mots de nos cahiers même si l’école est finie depuis bien longtemps. Merci beaucoup Raymonde.
« ici même alors qu’elle l’écrit ce mot écriture elle voit surgir comme un jaillissement le cahier d’école « cahier d’écriture ». » Comme une mise distance, une prise de conscience qui rappelle le surgissement originel. C’est beau
Merci Muriel. Une espèce de synchronicité qui nous surprend, nous interroge… Bonne journée.
ça la contrainte de la calligraphie je l’admire mais j’en suis dramatiquement loin (et me jeunes amis s’en amusent alors que pour eux je m’applique)
Jolie évocation de l’entrée dans l’écrit
Je sais votre temps compté et suis toujours très touchée par votre pause ici. Merci toujours Brigitte.
C’est tellement juste… oui la contrainte ça fait mal… et puis après, on se dit que ça aurait pu être enseigné différemment, comme un déchiffrage de code secret, une langue magique, inconnue, comme des hiéroglyphes égyptiens… il aurait fallu fuir intérieurement l’injonction pour croire à un secret inédit… mais trop souvent, la table, le cahier, les lignes ne laissent aucune place au rêve…
« … les lignes ne laissent aucune place au rêve… »
Merci Françoise pour cette évidence.