#été2023 #01bis | au jardin

Je suis seule dans le jardin. Le ciel est lourd. Depuis peu les lettres que je dessine forment des mots qui forment des phrases qui racontent des bribes d’histoires. Depuis peu je sais écrire. Dans la marge des cahiers je trace de minuscules fictions. Quand je n’ai rien pour noter, j’écris dans le secret de ma tête. J’écris dehors parce que dedans m’étouffe. J’écris parce que le ciel est lourd, j’écris pour les insectes, pour les animaux qui fuient. Quand j’écris je suis grande, une puissance sort par mes doigts. Écrire est une magie, une force qui me déborde. Quand les mots s’enroulent dans la tête sans en sortir, c’est autre chose, je n’en connais pas encore les pièges. Je sais lire aussi mais je lis peu, curieusement je n’ai pas hâte de dévorer des histoires, cela viendra plus tard. Pour l’instant je suis une enfant dans un jardin, j’écris comme au début du monde.

Je voulais faire l'impasse sur cette proposition, et puis je me suis rappelé avoir déjà écrit la " scène originelle " dans un petit fragment publié au quart du carnet des quarante jours. Alors je l'ai repris et un peu transformé.

A propos de Muriel Boussarie

Je travaille sur un chantier d’écriture au long cours et j’espère avoir assez de souffle pour le mener à terme. L’intuition de ce projet a surgi ici, dans un atelier du Tiers Livre. Il était question de se perdre dans la ville. Comme je ne voulais pas suivre une piste trop autobiographique, j’ai délocalisé l’errance en la situant dans la ville de K., un avatar de Hong Kong qui m’avait tant fascinée. Alors un personnage, un homme, Tu, toujours interpellé, est immédiatement apparu dans une rue de K. où il s’était égaré. Malgré cette entrée en matière – très forte pour moi – je n’ai pas pensé au départ écrire une histoire, encore moins un livre. Mais je voulais écrire, rêver un univers, celui de K. Quelques textes ont ainsi vu le jour sur mon blog. Puis lors d’un nouvel atelier de François Bon, un fil d’histoire plus précis s’est ébauché : le départ de Tu et L. vers les îles pour fuir la dictature qui sévit à K. À ce moment-là s’est déclenché un grand désir de narration. Beaucoup de choses se sont précisées au fil de l’écriture, bien des personnages sont apparus… Et régulièrement j’utilise des consignes de l’atelier comme pistes pour développer mon récit.

2 commentaires à propos de “#été2023 #01bis | au jardin”

  1. Oh oui cela aurait été vraiment dommage de sauter cette proposition. Les sensations du début de l’écriture viennent à nous. Le hors de soi aboutit.