#été2023 #01bis | trop plein

Le passage achoppe. Gober un grand ciel de futur, l’air se renferme. Jeter des couleurs, l’œil ne voit plus. Appareiller une terre, l’horizon se noue. Il reste le temps. Là, on ne sait pas ce qui arrive. Peut-être seulement un âge mais il faut buter contre, le mettre chaos. Cet âge où le creux s’est élargi. À passer par des lézardes, des écoutilles, des radicelles, soudain un fil d’or s’immisce sans alarme et nous tient – comme un premier regard. C’est un regard ou une voix ou un corps on ne sait pas où est la prise. Une sorte de vérité monde. Il faut sortir un bouclier, régler ses comptes comme on peut sortir sa colère mais surtout tamiser et écrire. Parce que c’est juste un trou, un trou vrai, plein, entier. Mais un trou.

C’est là qu’a aimé Léna. Elle te l’aurait peut-être dit un jour si tu avais été cette étrangère croisée dans la rue. Elle a posé quelques mots qui se racontent entre inconnus. Ses mots disent comment tu es née. De la terre et de la pluie qui s’imprègnent et se séparent. 

Léna. Sa signature au bas d’une lettre qu’elle n’a pas envoyée. Elle dit que même un grain de poussière une mouche qui gagne la fenêtre une étagère une voiture qui passe dans la rue un verre d’eau dans l’évier étaient compréhensibles. Chaque chose semblait à sa place mais elle ne pouvait dire laquelle. Un trop plein, avant que les particules lourdes retombent lentement vers le fond.

A propos de Nolwenn Euzen

blog le carnet des ateliers amatrice de randonnée (pédestre et cycliste) et d'écriture, j'ai proposé des séjours d'écriture croisant la marche et l'écriture, et des ateliers deux livres papiers et un au format numérique "Babel tango", Editions Tarmac "Cours ton calibre", Editions Qazaq "Présente", Editions L'idée bleue revues La moitié du Fourbi, Sarrasine, A la dérive, Contre-allée, Neige d'août, Dans la lune...

7 commentaires à propos de “#été2023 #01bis | trop plein”

  1. « Peut-être seulement un âge mais il faut buter contre, le mettre chaos ( K.O ?). Cet âge où le creux s’est élargi.  » [… ] C’est là qu’a aimé Léna. Elle te l’aurait peut-être dit un jour si tu avais été cette étrangère croisée dans la rue.[…] Léna. Sa signature au bas d’une lettre qu’elle n’a pas envoyée. […] Ses mots disent comment tu es née. De la terre et de la pluie qui s’imprègnent et se séparent.[…] Un trou […] Un trop plein avant que… »

    C’est un paysage de présences dans une « vérité monde » mais d’abord une colère empoussiérée… La disperser dans l’écriture pour la perdre de vue ?

    • Joli lapsus ! Donc « K.O ». oui.
      Dans ce moment d’écriture convoqué, une sorte d’effarement conduit à revisiter son identité avec colère. Jusqu’à un certain épuisement par l’écriture, une traversée aussi. Je suis d’accord. Merci Marie-Thérèse d’avoir suivi cette étape bis.

    • Merci Jean-Luc. Ce n’est pas aisé d’aboutir à cette triangulaire : se rejoindre, joindre l’histoire et le hors-soi, embarquer le lecteur. En écrivant tout est plus intuitif mais aussi moins contrôlé. Il y a comme quelques dégâts c’est possible…