Elle avait toujours aimé écrire. Dans le tramway, dans le train, dans les moments d’attentes. Entre deux mondes. En marchant dans les rues, en chantant dans sa tête. Le temps lui appartenait.
Elle aime toujours écrire, mais le temps s’est éparpillé. Elle a tout dans sa tête, les mots, les images, les sensations, la mélodie. Mais elle n’arrive pas à les poser. Elle marche toujours, ce ne sont plus les trams, ni les trains, il n’y en a pas. Et ce sont des chemins qu’elle arpente maintenant, le long de la rivière, ou sur les crêtes. Les images sont toujours dans la tête, les idées fusent, elle crée les phrases, compose les sons, tout est là, elle n’a qu’à s’en servir, imprimer et voilà. Mais ce n’est pas aussi simple. Toute cette création mentale s’évanouit dès qu’elle rentre à la maison. Elle a essayé d’enregistrer pour retenir, elle a pensé à faire suivre papier et crayon, mais dès qu’elle ne marche plus, les phrases s’effilochent, disparaissent. Au retour, à la maison, elle est pauvre, déçue, elle retrouve des bribes, elle rabiboche…
A la maison, elle cherche. Un lieu. Un refuge. Ne pas déranger ! Les odeurs de cuisine lui rappellent le poulet dans le four et les patates dans la poêle, le chat miaule pour réclamer ses croquettes, la radio tourne à fond dans la pièce à côté, on frappe à la porte d’entrée, bonjour…Elle se réfugie dans sa chambre. Calme. Paix. Mais pour retrouver des idées, il faudrait d’abord ranger, trier les documents qui attendent en tas, déclarations diverses, devis en sursis, courrier à gérer et lectures à rattraper, livres disposés en piles, choisis pour l’inspiration ou pas…Faire place nette pour rêver, laisser remonter les images, les canevas, trouver le sujet, souvenirs d’enfance, ou histoire locale, ou promenades champêtres, ou – tiens ! des portraits, elle aime ça, elle aime peindre avec les mots, créer une ambiance… .elle plonge, elle ne voit plus rien, elle s’assied devant son nouvel ordinateur sur son bureau en bois blond, face au mur blanc, elle est dos à la fenêtre, elle qui aime tant le soleil, elle commence à écrire, elle plonge dans sa bulle, laisse venir, sans réfléchir, sans forcer, entre deux mondes…
mon alter-ego – à quelques détails-lieux près !!
bon chemin vers les mots posés en vrai !!