#été2023 #01 | Annie Dillard, le roman commence par en inventer l’auteur

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Il est 5h00. Du matin. Déjà un café et deux cigarettes de fumées. Dans le jardin de la maison. Un jardin « anglais » comme on dit pudiquement. Comme tous les matins à la même heure. Il est temps. Il est l’heure. Elle se lève pour rejoindre le premier bureau, ça fait au moins un an qu’elle n’a plus besoin de se bousculer pour ne pas se mettre en retard. Les choses se sont mises en place d’elles-mêmes. Elles se sont enfin accordées.

Au premier bureau, face à la Loire à travers la fenêtre et dans la lumière de l’aube, elle allume le premier ordinateur. Un Thinkpad qu’elle s’était acheté quand elle était encore trop maladroite pour se procurer quelques autres outils plus ou moins. Fidèle, il ne l’a jamais lâché. Sur le bureau de l’ordinateur sur la table du salon face à la Loire dans l’aube, elle ouvre le semainier. Et fais ses premiers exercices. Elle a enfin accepté de ne pas vraiment savoir, ni comprendre ce qu’elle faisait. Mais elle le fait.

Toujours les mêmes phrases, tous les jours. Répétées cinq fois. Et entourées de la même phrase pour chaque jour. Depuis ? un certain temps. Tout ce qu’elle sait de cet exercice, c’est qu’elle ne l’a jamais raté depuis qu’elle a commencé, où qu’elle soit. Et que ça lui fait du bien. A chaque fin d’exercice, un autre café, une autre cigarette. Deux et trois.

Il est 5h15. L’heure d’aller à la douche, rapidement. L’eau. Ne pas oublier de remercier l’eau. Si tu ne sais pas pourquoi, l’eau elle le sait. Juste fais-le.

Il est 5h35. Un baiser à celle qui a compris et ne pose plus de questions, puis elle part pour le deuxième bureau, plus loin, dans le village. Elle longe le fleuve et se pose invariablement la même question tous les matins : par le jardin ou par devant ? C’est que l’autre travail en dépend. Par devant, ce sera journée laborieuse, de vérifications, relectures, syntaxes, grammaires, etc. Par le jardin, ce sera une journée labo-rieuse de recherches, de tentatives, d’expériences, de ratages zheureux, etc.

Ce matin, elle devrait rentrer par devant. Elle le sait. Mais elle a envie de rentrer par le jardin…

A propos de Alexia

Chercheuse par diplôme (Master 2, 2018) en littérature anglaise du 20ème siècle à Tours, indépendante car pas rattachée à une université pour l'heure, je fais des mousses au chocolat, des îles flottantes, du pain perdu caramel, des meringues, des crèmes brûlées...un jour, j'arriverais au niveau de la tarte au citron de Blanche!!! je l'aurais un jour!!! je l'aurais!!! En attendant, j'épluche aussi des pommes...

8 commentaires à propos de “#été2023 #01 | Annie Dillard, le roman commence par en inventer l’auteur”

  1. c’est joli comme protocole – j’aime à savoir (par ailleurs, hein) que le deuxième bureau (tous les gouvernements ont leur service secret, comme on sait) est (ou était, je ne sais pas)l’un de ceux-là (cours ou jardin, on doit jouer la pièce) (bonne suite)

  2. oui, c’est très charmants ces deux bureaux et ce rituel matinal répété comme un tantra

    • ah…l’a fallu que je googlise pour être bien sûre…l’avais zoublié çui-là…si, si, j’l’avais zoublié. Et pourtant. Merci de la lecture.

  3. Les chemins, les rituels, oui, on voit comment se construit cette écriture, qu’il faut canaliser, lâchée par salve ou atmosphère,
    Bonne suite,