#été2023 #00 | Je ne savais pas

Je ne savais pas avant de l’expliquer sans le nommer, dire l’émotion qui m’étreint la poitrine juste à l’évoquer, une femme loin de sa terre natale, le voyage, les bagages, un bateau, l’inconnu, la poussière du sable, les parfums des horizons lointains, des jours et des nuits à espérer la pluie, un amour déçu et puis un autre qui lui rend cette terre plus belle vue du ciel, oui ce livre comme un lien entre vous toutes mes racines, une façon évidente tout à coup de l’expliquer… Une femme ce n’est pas l’Algérie, ce n’est pas ce militaire et pourtant quelque part le bruit des fusils, tout quitter, boire la pluie du ciel aimer au-delà de l’espace, faire corps avec la terre sa poussière, espérer peut être revenir, te choisir toi ce livre pour me révéler ce qu’inconsciemment je cherchais, le sable, la mer, l’aventure, le temps d’une vie et la musique aussi, croire en eux, les aimer ces enfants de ton nouveau pays, rejeter les préjugés, s’adoucir des soirées de langueur de ce pays inconnu et tant aimé, oui un lien indéfectible ce livre, je ferme les yeux, je vois, j’entends, je vis d’émotions ordinaires et extraordinaires et puis un oncle sa vie sur ce même continent, après la guerre, ce parfum d’aventure, d’ivoire, de serpents, de bois, un porte-monnaie en peau de crocodile, ce livre me raconterait mon histoire au-delà de son propre texte, oui je suis bien embarrassée, je ne savais pas quoi écrire alors j’ai écrit, est-ce donc pour cela que ce livre fut mon compagnon de voyage en Arizona, terre d’un autre ancêtre, mes voyageurs, mes aventuriers, tout abandonner pour se donner une nouvelle vie, la toile se resserre les fils se tissent, les frontières se font invisibles, l’émotion m’étreint la poitrine juste à l’évoquer.

A propos de Marie Moscardini

«Après une formation à Aleph en 2014, j'anime des ateliers d'écriture dans une petite ville de Saône et Loire.» Voir son site Nouvelles à écrire.

4 commentaires à propos de “#été2023 #00 | Je ne savais pas”

  1. « […] tout quitter, boire la pluie du ciel aimer au-delà de l’espace, faire corps avec la terre sa poussière, espérer peut être revenir, te choisir toi ce livre pour me révéler ce qu’inconsciemment je cherchais […] oui un lien indéfectible ce livre, je ferme les yeux, je vois, j’entends, je vis d’émotions ordinaires et extraordinaires […] je ne savais pas quoi écrire alors j’ai écrit […]

    Eh bien tant mieux, Marie ! Vous tracez les pistes pour de nouvelles recherches ancest’estrales ou non. Ce n’est pas de l’exotisme, c’ est du vécu et du reçu, comme marque-page dans ce livre inconnu.

    • Quelle bonne surprise que votre visite ici. Très touchée par votre lecture Marie-Thérèse : la cueillette de ces deux extraits me réjouis.
      Bonne continuation dans votre projet dont j’ai pris connaissance sur facebook.
      Merci vraiment.

  2. C’est grande émotion, cette densité d’écriture, chaque mot comme en pleine course, l’urgence à dire, l’infinitif qui va, foule à pieds joints, on vous suit sans aucun calcul des yeux, tout est solide et fort, et cette impression de liberté grande ouverte
    « ce livre me raconterait mon histoire au-delà de son propre texte, oui je suis bien embarrassée, je ne savais pas quoi écrire alors j’ai écrit, est-ce donc pour cela que ce livre fut mon compagnon de voyage en Arizona, terre d’un autre ancêtre, mes voyageurs, mes aventuriers, tout abandonner pour se donner une nouvelle vie, la toile se resserre les fils se tissent, les frontières se font invisibles, l’émotion m’étreint la poitrine juste à l’évoquer. »
    le bien que cela fait de vous lire