Et puis, plus tard, plus intimement, la lecture qui arrive sur le tard et fauche, tremblants, deux textes : un roman sur les années d’internat
et puis « la h. … » parce qu’on ne parle jamais honnêtement des blessures encastrées jusqu’à l’os, substance stagnante, cicatrice qui palpite son petit sillon, continue de creuser ses boursouflures de taupe, je ressens de loin en loin ce genre de contraction, venant d’un double milieu, doublement haï, la campagne rude et arrimante, de l’autre la musique en cavale acide et exigeante d’un milieu gitan
envie de parler des gosses, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils imposent, subissent, arrachent, récupèrent, renvoient au monde, cette violence aussi. Leurs parents écrasés de travail et de mépris, ce qui subsiste de cela
le récit racontait une forme de soi retourné, mis à nu comme l’animal qui se défait d’une gangue, l’oeil braqué dans le dedans qui ne ment pas, je l’ai trouvé à la médiathèque de Noisy-le-sec où je passais des samedis entiers à écrire et corriger des rédactions, quand je travaillais avec mes élèves sur « Une f… »
je me suis immédiatement projetée dans les confidences, pas du tout dans les faits relatés, mais la manière de dire, ce froissement brûlant, cette audace
je ne l’ai pas relu. Juste porté longtemps au fond
ce qui a surgi : un vouloir franc, soulever l’os, le soc, l’ombre, oser révéler, oser dire en territoire d’écriture, ce qui cabre, ce qui casse, ce qui inflige le malaise
l’atmosphère de ce livre, sa densité, je l’ai retrouvée en conduisant vers minuit sur un long trajet, l’émission de radio a surgi à travers la brume de Saint-Brieuc, sept heures de voiture pour me rendre dans les Monts d’Arrée depuis la banlieue, j’écoutais des entretiens, des enregistrements de sons étrangers, des villes indéchiffrables dans le brouillard, et cette pièce radiophonique, une lecture incroyable, A deux heures du matin
hors consigne, Françoise ! pour intégrer dans la compile, possible une V2 sans nommer titre ni auteur ?
Bonjour François, merci..
j’ai tenté de reprendre le texte… trop tard pour la compile ?
Hors consigne ou pas, j’aime les boursouflures de taupe et le soulever de l’os. Et retrouver l’atmosphère d’un livre dans les longs trajets nocturnes en voiture, ça me chuchote au creux de l’oreille. Merci de tes mots.
bien mieux sans nom i auteur, on garde forte l’impression qui vient surtout du dernier paragraphe
« je me suis immédiatement projetée dans les confidences, pas du tout dans les faits relatés, mais la manière de dire, ce froissement brûlant, cette audace », le pouvoir de la langue, merci.
Superbe merci .
Quel beau texte, Françoise !
» ce qui a surgi : un vouloir franc, soulever l’os, le soc, l’ombre, oser révéler, oser dire en territoire d’écriture, ce qui cabre, ce qui casse, ce qui inflige le malaise » Votre façon d’écrire, vos mots, merci.