A la recherche de maisons perdues

Maison de Monsieur et Madame B… (leur nom précis m’échappe), des amis (voisins) de mes arrières-grands-parents. Des madeleines sur une table en bois. Vase. Porcelaine. Napperons. Intérieur sombre. Passage obligé.
Maison de mes arrières-grands-parents. Tous les meubles dans le jardin. Des allées avec dalles de ciment et graviers. C’est gris. Des bordures. Un potager à l’abandon parce-que pépère (c’est comme ça qu’on l’appelait) est mort depuis trois quatre ans. Des arbres. Un étage. Les adultes qui s’agitent et apparaissent aux fenêtres de la façade. Rosiers grimpants. Odeur de fuel. Jeux.
Maison de Digne. On joue avec le frangin sous la table de jardin à faire des courses d’escargots. Table de métal. Toile cirée. Tommettes rouges et blanches. Ombres.
La Taurine. Un long chemin sous les chênes. Un bout de route. Des vignes. Une terrasse. Une galerie. Une tour avec une petite fenêtre rectangulaire. Les cigales. Un bâtiment qui s’étale. Bas. Dégagement.
Un château à Buis les Barronies. La cuisine dans une tour. L’arrondi du mur. Une vaste salle avec une cheminée. Des armoiries. Un pin centenaire après le portail. Table immense couverte du fourbi collectif.
Une seule pièce où il vivent. Une table. On vient vendre un billet de tombolat pour l’école. Ils réfléchissent longuement. Rien aux murs. Évier fendu. Papier tue-mouches. Attente.
Seulement un vague souvenir de carrelage orange et sa voix avec l’accent italien. Un canapé avec une structure bois et des coussins laineux. Séparation.
En Allemagne. Une chambre avec deux lits. Une longue table en bois. Plus de rideaux que de murs. Lambris.
L’entrée d’un appartement. Un couloir avec des étagères en bois surchargées de dossiers et de cartons. La vue sur les pentes et les forêts de mélèzes. Balcon envahi. Foutoir sur le velours du canapé.
Un appartement parisien. Interphone. Digicode. Coursive. Montée. Escaliers bois. Entrée sur nappe à carreaux. Comptoir. Canapé. Balcon. Chaque parcelle réfléchie. On cache. On montre.
Maison de village. Très étroite. La plus haute du hameau. Une cuisinière à bois. Une minuscule terrasse à l’arrière. Des pièces étroites qui se superposent en demi-étage.
Une petite maison blanche de plein-pied. Mon frère s’électrocute aux fils de la lampe de chevet. Une large cheminée. Murs blanchis à la chaux.
Le Fort. Chambre en surplomb sur la rivière. Dans un champ attenant, des moutons. Chambre au grenier. Vaste. Crépis. Des allées de graviers.
Longère. Puits. Une pièce carrelée, laboratoire pour abattage des bêtes. Mezzanine. Escaliers droits. Four à pizza. Cube crépi.
Un petit appartement. Toutes les pièces en enfilade avec au fond une fenêtre sur le fleuve. Les flots. Les lumières des quais. Les enseignes des restos. La fumée. Les entassements dans l’évier.
Piaule fenêtre sur ruelle. Tentures et coussins sur le sol. L’inconnu. La rencontre.
Un lit. La canicule. Absence à soi-même. Soleil par les stores.

A propos de Antoine Gentil

Enseignant spécialisé auprès d'adolescents en ruptures sociales. Anime des ateliers, écrit du théâtre et des textes de chanson.