APRÈS il ne reste que la mémoire quand l’autre qui a tant compté s’est absenté pour un APRÈS dont il faut s’acclimater avec ce regard vague et ces mains démunies un APRÈS où le manque va tenir lieu de boussole quand on compte les heures APRÈS les jours APRÈS les années APRÈS où l’on vit sans car vivre APRÈS c’est vivre sans pétrifié d’un visage d’apparence APRÈS le premier réveil sans et APRÈS tous les autres réveils sans pendant de nombreux jours où le regard de l’ APRÈS est parcouru d’absence jusqu’à la travée des lèvres où l’empreinte de ce silence si étrange emplit les peaux de l’ APRÈS où résonnent encore dans la pénombre et sur les murs de la chambre le dernier mot le dernier souffle l’ultime regard sidéré dans cette fraction de temps de l’ APRÈS quand s’ouvre l’échappée d’un silence que l’on ne peut contenir qui enfle tisse une toile dans la profondeur des chairs et efface tout ce qui n’a pu être dit avant cet APRÈS qui n’en finit pas de submerger des tréfonds du ventre jusqu’au bout des phalanges pâlies dans ce creux obscurci de l’ APRÈS de soi dont on ne sait rien et il va falloir se glisser dans cette géologie du silence entre les strates étroites de cet APRÈS où plus rien ne s’articule où l’on se tient dans un broussaillement d’herbes hautes hors de portée désormais comme suspendu au geste que l’on a fait juste APRÈS ce baiser sur le front qui sera le dernier car APRÈS on ne touchera plus le corps et ce qui se passe APRÈS on ne sait plus les heures APRÈS les jours APRÈS tout s’efface se perd au sein d’une masse grise et des pliures du temps et puis un jour on s’aperçoit qu’on continue APRÈS tout de vivre de penser de rire que la présence ne manque plus avec autant d’intensité que d’autres soucis prennent le pas sans qu’on le décide vraiment et qu’on n’oublie pas mais on a mis à distance cette absence on se situe dans un APRÈS plus lointain celui où on accepte désormais ne pas pouvoir revenir en arrière on a franchi un cap on est même un peu fier de s’en sortir APRÈS tout pas si mal même si quelquefois une musique une odeur une silhouette nous font basculer dans cet avant et qu’on ne sait plus avant APRÈS tout ça se mélange c’est parfois violent puis tout se calme avant que d’autres APRÈS et encore d’autres APRÈS se succèdent ils sont de plus en plus nombreux et l’expérience ne sert à rien on subit toujours le même choc des premières heures APRÈS des premiers jours APRÈS de la première année APRÈS et de tout ce qu’on a laissé avec celui ou celle qui n’est plus de tout ce dont on s’est dépouillé et on se prend à compter combien il peut rester d’ APRÈS avec tous ceux qui nous sont importants dont on a encore besoin pour poursuivre sa route et l’ APRÈS soudain fait peur et s’il ne restait plus personne si on était le dernier et APRÈS c’est fatal on se met à imaginer son propre APRÈS celui où on ne sera pas et on se demande si quelqu’un comptera les heures APRÈS les jours APRÈS les années APRÈS en se remémorant les bons moments passés avec et se dire qu’on est qu’un court moment entre un avant et un APRÈS dont on a aucune maitrise alors savourer le pendant de ce jour où on peut encore imaginer des APRÈS et même leur implosion dans des À peu PRÈS
Texte bouleversant qui laisse sans voix… Déjà été très touchée par la première version d’APRÈS, celle-ci est encore plus puissante. Je suis heureuse qu’il reste à « savourer le pendant de ce jour ».
Après la lecture on a envie de rester en silence …quelle émotion…
Merci à vous pour vos regards chaleureux…