Elémentaires

Le soleil au zénith, deux pieds et un bras tendu vers moi, la main nerveuse, je lui échappe, les pieds luttent, cherchent un appui, la mer dit-on, jamais le sable, le sable accueille les corps engourdis, presque morts, le sable si doux d’habitude, là il empêche, il agace, moi je disparais encore une fois sous la vague, ha je vous avais bien dit la mer…mais cet homme quand même, à qui j’avais décerné sans preuve le prix de super-héros de mes jours et de mes nuits, comment pouvait-il se laisser déstabiliser, jamais le sable, je bois mon ultime tasse et visite à rebours ma courte vie, dommage ça… la main a repris ses esprits, m’a sortie vigoureusement de l’eau, Papa 1/ Sable 0 – Course effrénée dans les dunes, en bande-son un violon, tonalité joie cryptée, juste avant le fracas, nous roulons, je me redresse, il me renverse, je m’accroche à lui, terrain inconnu, le sable tu sais mais sa bouche déjà sur la mienne, le sable n’a pas le choix, il nous épouse, empathie inquiétante, le moindre de nos mouvements, il veut nos empreintes et quoi d’autre, il s’immisce oui, dans mes cheveux, ce n’est pas tout, ha les yeux, ce n’est pas tout, le lendemain matin qui de mon amant ou du sable m’a laissé ce souvenir…là ? – Pieds joints, jambes tendues, je dépose vertèbre après vertèbre mon dos, mes bras touchent le sol avant ma tête, c’est là que tout commence, l’odeur, le parquet en bois qui en a connu d’autres, des rêves de danseuse étoile mais avant le ciel il y a le sol et le corps plaqué tout contre lui, pour le meilleur, pour le pire, fallait pas dire oui, pensée euphorique du corps qui se sent soutenu quoiqu’il advienne, qui se croit arrivé alors que la voix martèle déjà et un et deux et trois et…j’enroule une dernière fois ma colonne vertébrale, j’enroule mon rêve de danseuse, la tête toujours dans les étoiles.

https://soundcloud.com/delphine-arras/elementaires

3 commentaires à propos de “Elémentaires”

  1. Joli !
    J’aime : ‘visite à rebours ma courte vie’, ‘le sable n’a pas le choix, il nous épouse’, ‘j’enroule mon rêve de danseuse’.
    Et le corps comme il est pris en otage.