#1… interrompre le flux de ses pensées … faire silence intérieur …ce décalage… dans l’intonation, ce regard … aussi , une alerte infime , une dissonance qui interroge , sans bien en saisir le motif … c’est le corps qui signale, un léger raidissement … puis se repasser comme un film cette micro interaction, ce presque rien à ce moment- là… ne pas y accorder d’importance, c’est prendre le risque de voir tourner en boucle ce décalage , une journée où l’attention serait captée ailleurs … une dissonance perturbante, pas encore irritante … rejouer mentalement cette fugacité, en décalé … et développer ultérieurement , peut-être, des pistes incertaines …jeter sur le papier , comme un corps étranger, l’affectation d’un présent éphémère … …laisser des traces qui pourront persister ….puis reprendre le cours des choses pour l’instant …
# 2 et # 4… juste au bord du réveil, demi sommeil, demi réveil, dans cet entre-deux qu’il est doux de prolonger le matin, une image, une scène traverse l’apesanteur… lieu flou… étrange sentiment d’une réalité lointaine et à la fois de quelque chose de vraiment présent… clairement réveillée, je scrute les bribes, les filaments de cette réminiscence, aussi légère que les nuages… pourquoi maintenant… je cherche… je retisse des éléments les uns avec les autres… je me souviens aussi d’autres scènes un peu semblables… des récurrences énigmatiques qui questionneront une partie de ma journée… parfois il me semble reconnaitre, la maison d’une amie, des lieux où j’ai séjourné quelques jours, un dialogue amical sur les sujets que nous aimions démêler à l’époque… nostalgie de lieux aujourd’hui inaccessibles, tristesse d’amies disparues… des traces précieuses… j’ai passé une partie de la soirée à écrire l’inventaire des lieux et des prénoms, inventaire qui se complètera au fil de l’eau…
# 3… Il aurait fallu se glisser dans une lenteur sans bord, en oubliant l’avant et l’après, pour juste là, oublier aussi l’impatience. Relever comme le ferait un géomètre, les fils ténus de nos présences, les mettre en relief, explorer patiemment ce qui donnait sens aux renoncements passés et aux recommencements espérés… renouveler ces instants fugaces de présences et d’échanges… le rien de prévu… l’ouverture sur l’après… les perspectives qui nous animaient… quelque chose que nous découvririons unique beaucoup plus tardivement, happés par la hâte de nos vies… et, faire face à une nostalgie silencieuse…
#4 bis-
… le silence du matin si précieux… aux marges des incertains, de la quiétude et de l’inquiétude, dans l’immobilité… rien n’a commencé vraiment, tous les possibles sont là… des pensées, des idées, des préoccupations s’agitent… un flux à la destinée obscure passe, s’égare, revient… démêler l’écheveau ou décider que ce n’est pas le moment… s’accorder d’abord présent, passé, futur… accorder ses sens paisiblement… il sera toujours temps… savourer à nouveau le silence… organiser sa flânerie, le paradoxe de l’intranquille…
C’est très beau cette attention au fugace, à l’éphémère… et très bonne idée de recomposer le carnet sans forcément suivre l’ordre des propositions
Merci pour vos mots qui me touchent beaucoup. Et donc aujourd’hui je vais écrire une #4 bis
très beau, cette attention au réel et à ce qui se passe dans la conscience, entre réel et imaginaire, présent et passé, inspirant !
Merci Marie. Très touchée par ce que tu soulignes; Belle écriture à toi