Pour l’instant
C’est la maison qui raconte, dans une langue qui n’est pas transmise intégralement.
Pour l’instant
C’est le regard qui transperce les voiles de l’ignorance. Ici ne s’affiche que l’apaisement.
Pour l’instant
C’est une voix lointaine qui s’exprime, s’ajoutant à d’autres, toutes sont embrouillées.
Pour l’instant
C’est cette quête de récit qui prend des airs transis dans la folie douce des photos d’ici
Il n’y a rien à décrire
Ces meubles cette ambiance ne vous diraient rien qui puisse vous éclairer mieux qu’elle
Il n’y a rien à décrire
Tout le vivant a disparu et la vie gigogne se rencoigne dans sa patience immémoriale
Il n’y a rien à sauver
Tous les mots font partie du matrimoine invisible et elle, le personnage absent en atteste
Il n’y a rien à sauver
Tout est perdu ou reclus au milieu des vestiges non assignés nommément car dispersés
Quelque chose insiste
Le réel s’est détaché de la chair la peau mentale s’est dissoute autour des lèvres
Quelque chose insiste
Ces sourires éternels et solubles dans le papier et ces yeux incrédules bien arrimés
L’essentiel est maintenu
A elle comme à elle ne sera pas exigé davantage aujourd’hui elles sont présences
L’essentiel est maintenu
Elle et elle sont nées ont vecu ne se sont pas connues
Une troisième vit encore et rassemble les visages pour leur parler
Qui est là
Personne
C’est simplement mon coeur qui bat
Qui bat très fort
A cause de toi
( A cause de vous toutes)
Mais dehors
La petite main de bronze sur la porte de bois
Ne bouge pas
Ne remue pas
Ne remue pas seulement le bout du doigt
Jacques prevert HISTOIRES