Pas de date plus insignifiante. Ni mort ni naissance ni joie ni drame. Une date qui est passée plus de 50 fois sans laisser la moindre trace. C’est mon histoire, mon absence d’histoire. J’ai mangé et dormi. Sûr. Car j’ai mangé tous les jours, et dormi, presque. Bonheur neutre des vies banales. Quelques nuits blanches, mais de minuit à minuit peu de chance que je n’ai pas dormi. J’ai bu. Me suis lavé. J’ai sans doute parlé à des gens, et pas toujours les mêmes. Alors, sans me souvenir de rien, sans rien qui fasse relief, il m’est impossible de distinguer l’un de l’autre.
Le 27 septembre 1968. 1977. 1989. 1995. 2000. 2007. 2012. Rien. Ni les autres. Des jours gâchés. Des jours qui conduisent de la veille au lendemain. Des jours de semaine. De week-end. Des heures qui coulent. Pas de rencontre mémorable à la date inoubliable. Un lundi. Un dimanche. Quelques mercredis.
Des heures à s’ennuyer. Lire. Regarder par une fenêtre ou l’écran d’un téléviseur. Des heures au clavier à afficher des mots sur des écrans. Combien de claviers. Combien d’écrans. Combien de mots perdus. De paroles en l’air que personne n’aura retenu. Des conversations téléphoniques. Donner et prendre des nouvelles, c’est s’assurer juste qu’il ne se passe rien.
D’autres à venir. Des 27 septembre. En pagaille et le premier que je ne vivrai pas. Inéluctable. Quelle différence au fond si rien des précédents n’a fait mémoire. Que des 27 septembre déserts, infructueux. Morts.
Mais ce sont ces 27 septembre-là qui ont conduit aux dates suivantes. Aux 10 et 12 novembre, au 17, 25 et 30 mai, au 23 juillet. Aux dates qu’on n’oublie pas pour tellement de raisons différentes et qu’on ne cite pas toutes. Des dates marquées dans le calendrier d’une croix. Des dates qui pour revenir passent toutes par des 27 septembre vides.
Des 27 septembre comme des couloirs d’appartement. Juste un lieu de passage où l’on n’habite pas mais sans lequel aucune pièce ne serait accessible.
Bien joué !
On attend, on attend et rien n’arrive rien sauf le texte of course !
aujourd’hui, rien ! super !
Oh, j’adore ! Les premiers 27 septembre que je lis de tous les textes. Très très bien. Merci
et on se dit mais comment se souvient-il qu’aucun 27 septembre en fut ce jour où il est arrivé quelque chose d’assez important pour qu’on s’en souvienne sans retenir la date qui, elle, ne comptait pas
zut ! mes doigts dansaient… il faut lire qu’aucun 27 septembre NE fut ce jour..
Quelle discourtoisie que ces jours vécus sans souvenir accroché à leur date ! Éprouvée ainsi, et partagée comme un questionnement sur cette absence au monde. J’apprécie « l’utilité » que vous en dégagez, associée à une certaine lenteur du déroulement de la vie au cours de ces jours particuliers. C’est ainsi que je le ressens à la lecture de votre texte. Merci !