Nine a libéré ses cheveux. Le casque est posé sur la grande table, planche épaisse soutenue par quatre trétaux de tapissier. De temps à autre une main éprouve la stabilité de l’ensemble, et on entend qu’il conviendrait de remplacer les compas métalliques par des traverses en bois. Pour l’heure les boucles de Nine ont surgi,la lumière y joue, venue d’une ampoule couverte d’une sorte de lanterne japonaise jaunie mais aussi de la porte qu’on a laissée ouverte sur la rue, dans la pièce d’à côté. Masse noire travaillée par le henné, accrochant la lumière aux courbes. Ressorts défaits, réduits par endroit à des cercles fermés, proliférants, agités par le souffle de la jeune femme .Elle parle, dit que dans ce moment d’épopée dont nous sortons ensemble elle a pensé à son petit enfant Youssef. Elle a renversé la tête en arrière découvrant un cou un peu long des maxillaires bien affirmées. Le blouson comme une boîte, une armure est par terre gardant encore la forme du buste de guerre. Les seins soulèvent un peu le pull, la chevelure recouvrant à présent tout à fait le dossier de la chaise en bois mince, s’étale, prend toute la place, vibre. Sans doute Nine dans le temps d’avant, rassemble-elle vivement la masse brune éclairée de cuivre.Sans doute accomplit- elle le geste de tordre, d’accrocher les boucles, de les fixer au crâne par un crochet sans recherche aucune. Mais le corps qui écrit retient le flamboiement et le tremblé d’une toison, des images à peine entrevues, à peine osées de bêtes rétives,d’espaces offert au corps de femme déployé.