C’est l’histoire d’une serviette qui s’agite toute seule dans l’ancienne cuisine d’un château.
Les soldats s’en vont lentement Dans la nuit trouble de la ville. Entends battre mon cœur d’amant. Ce cœur en vaut bien plus de milles Puisque je t’aime éperdument. Je t’aime éperdument, ma chère, J’ai perdu le sens de la vie Je ne connais plus la lumière, Puisque l’Amour est mon envie, Mon soleil et ma vie entière. Écoute-le battre mon cœur ! Un régiment d’artillerie En marche, mon cœur d’Artilleur Pour toi se met en batterie, Écoute-le, petite sœur. Petite sœur je te prends toute Tu m’appartiens, je t’appartiens, Ensemble nous faisons la route, Et dis-moi de ces petits riens Qui consolent qui les écoute. Un tramway descend vitement Trouant la nuit, la nuit de verre Où va mon coeur en régiment Tes beaux yeux m’envoient leur lumière Entends battre mon coeur d’amant. Ce matin vint une mésange Voleter près de mon cheval. C’était peut-être un petit ange Exilé dans le joli val Où j’eus sa vision étrange. Ses yeux c’était tes jolis yeux, Son plumage ta chevelure, Son chant les mots mystérieux Qu’à mes oreilles on susurre Quand nous sommes bien seuls, tous deux Dans le vallon j’étais tout blême D’avoir chevauché jusque-là. Le vent criait un long poème Au soleil dans tout son éclat. Au bel oiseau j’ai dit « Je t’aime ! » Nîmes, le 2 février 1915 Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou
Venons-en aux faits. Dans quelles circonstances vous êtes-vous rendue à V. ? C’était l’hiver. Mais un hiver doux. J’étais déjà venue à V. dans mon enfance, en voyage scolaire ou en colonie de vacances. Je ne me souviens plus. J’étais petite. Mais je garde quelques images : l’arrivée de nuit sous la neige, les phares de l’autocar, les flocons qui tombaient, c’était la première fois que je voyais la neige, et puis une main d’adulte qui m’attrape, me guide vers le groupe d’enfants, m’arrache au spectacle des flocons… D’autres souvenirs de cette première venue ? Je ne peux pas le dire avec certitude. Il me semble que je vois une grande salle, un réfectoire peut-être, dans un édifice religieux, une chapelle ? Mais il se peut que j’invente. Un couvent ? Peut-être, oui. Les yeux brillants d’une sœur nous faisant réciter nos prières. Les rides d’un front encadré de tissu blanc. C’est possible. Mais c’est loin. Vous étiez à V. en pensionnat. Vous n’en avez aucun souvenir ? … Chez les sœurs templières de ND des mésanges. Ce n’était pas une sortie scolaire ou un camp scout. Vous étiez chez les sœurs pour réformer votre caractère rebelle. Vos parents vous y ont abandonnée à douze ans.
La fête du Temple a donné lieu comme chaque année à un défilé dans les rues de notre pittoresque et industrieuse ville de V. Pour la confection des chars, des bénévoles ont œuvré jour et nuit depuis des semaines, voire des mois et le résultat est à la hauteur. Dans le cortège, le char des petites mésanges, tout particulièrement, a aimanté les regards des badauds, venus comme chaque année en masse pour assister au spectacle.
Les jeunes novices ont été accueillies chaleureusement par Monsieur et Madame les Connétables au Château, où elles se sont vues offrir une collation dans la salle des armures. Après un moment de danse et de musique, elles ont regagné Notre-Dame, où elles vont incessamment prononcer leurs voeux, perpétuant la tradition des soeurs templières.
- http://www.caimans-prod.com/la-peau-du-temps/ – film en attente de financements. ???
- Consulter les archives municipales – fait.
Un vrai bordel.RAS. - L' »appeau du temps » ?
- Sur la photo : qui ? Elle ? Derrière : cèdre ? Côté parc ? Ou if ?
- Femmes templières ? Jamais entendu parler.
Et le bonhomme continuait son laïus...
Nef unique de deux travées voûtées en berceau très légèrement brisée, éclairée au sud par deux fenêtres doubles ébrasées
Je pensais au corps
La voûte est renforcée en son milieu d’un doubleau unique, en alignement des petits contreforts extérieurs, retombant sur des piliers, dosseret et colonne engagée avec chapiteaux sculptés
Je le suivais machinalement dans l'édifice. Je voyais par éclairs, dans le reflet des vitraux brisés, dans les interstices entre les pierres, je voyais son corps
Un autel en pierre monolithe visible sur une gravure sur bois de Dardelet (1876), actuellement brisé et remisé à l’extérieur
Je ne pouvais m'ôter l'image de ce corps tel que Bobinski l'avait décrit dans La Peau du temps
Une travée de chœur barlongue, voûtée sur croisée d’ogives qu’on pourrait dater du XIIIème siècle
Oui, il aurait très bien pu décrire un bâtiment. Une chapelle. Et maintenant que je l'avais lu, j'étais dans ce corps. Le corps de la jeune fille. Je le foulais malgré moi. J'y pénétrais. Je le violais
ce voûtement serait contemporain au clocher qui semble avoir été pensé au-dessus de cette travée mais qu’un changement de parti l’a fait s’ériger au nord de celle-ci ; en effet, tout se passe en fait comme si, à l’origine, cette travée aux supports puissants avait été couverte en berceau pour porter un clocher
Je marchais sur sa colonne brisée, je touchais ses omoplates en miettes, des petits débris restaient au bout des doigts. Des petits os comme ceux d'un oiseau
Même si elle n’avait pas été prévue, cette solution est assez répandue en Dauphiné au XIème et XIIIème siècle. Le caractère archaïque des culs-de-lampe, le fort bombement des voûtains latéraux, l’absence de formerets et surtout le profil torique des ogives nous indiquent que nous sommes ici en présence d’une œuvre de transition
Elle avait été un corps vivant sous ces voûtes. Ses pieds avaient contribué au polissage de ce sol en pierres inégales. Elle avait buté sur cet achoppement. Elle s'était agenouillée pour prier. Du moins faire semblant. Dans ce coin, peut-être
Il faut cependant considérer cette voûte sur croisée d’ogives comme l’un des premiers exemples régionaux de l’utilisation de l’ogive
Quelle avait été sa dernière journée ici, au pensionnat ? Elles avaient dû se préparer pour le cortège. Sur une chaise, elle avait dû attendre qu'on la coiffe, qu'on lui boucle ses mèches. Avec soin. Pas habituée à ce genre d'attention. Préparée pour le sacrifice.
Un chœur en hémicycle couvert en cul-de-four est percé de trois fenêtres en plein cintre doublement ébrasées avec des appuis intérieurs « en escalier » (permettant d’avancer une datation fin XIIème siècle) et des pieds droits ornés d’un triple tore. L’arc par lequel il ouvre est décoré d’un rang de « perles et pirouettes » proches de certains modèles byzantins
Je sentais sa présence dans tout l'édifice. Son souffle. Son coeur contre mon coeur. Les pierres pulsaient.
Les chapiteaux des colonnes engagées de la nef dérivés du corinthien sont archaïques, mais les rai-de-cœur de belle facture de l’arc d’entrée de l’abside plaident pour une datation assez tard dans le XIIème. Le décor sculpté évoque les frustres tentatives élaborées dans un pays peu ouvert aux grands courants artistiques (Bourgogne, Provence….)
J'étais moi-même brisé, sous la pression des pierres, des visions, des voûtes du temps
- à vérifier, impossible de trouver la source : http://templierveritas.e-monsite.com/pages/la-femme-au-sein-des-templiers.html
Véritable plaisir de se balader dans cette transversale Merci
Merci Cécile pour votre retour ! Au plaisir de vous lire.
sous le charme total, merci Marie
Chic Alice, merci pour votre lecture ! Au plaisir de vous lire !