La porte s’ouvrait toujours mais la surprise ne cessait de changer, de surprendre.
Ça commençait toujours de la même façon, par le son. Il partait du salon sur la table proche de la télévision et des clefs de la motocyclette de papa puis s’en allait courir et voler dans le couloir long et haut. Il s’y heurtait aux rires passés qui résonnaient encore en silence…
J’étais dans la chambre…
– Va ouvrir ! c’est… criait papa avec le nom de la personne qui allait arriver. Son cri avait rattrapé le son délicat de l’interphone.
Lorsque j’entendais le pas se rapprocher… J’ouvrais la porte et tout un monde pouvait entrer.
Et tout un monde pouvait entrer. Celles, ceux, du moins, qui portaient un monde, sur leur visage, sur leurs épaules. Dans leur sac, et nous les enfants, qui attendions. Ce serait quoi, aujourd’hui, qui nous emporterait ?
Ce qui nous emporterait serait des souvenirs plus lourds que l’oubli. Des mémoires entaillées où chaque faille donnerait sur un monde encore plus secret, encore plus intime, encore plus sacré : un monde à nous.
il y a toujours un moment perplexe qui se rapproche du choc frontal : ça s’appelle la rencontre.
Il y a la rencontre qu’on attend, il y a la rencontre qui surprend, il y a la rencontre qu’on apprend. Cette rencontre, c’est parfois celle qu’on regarde de l’extérieur. C’est celle qui nous accompagne. C’est la retrouvaille. C’est la festivité. C’est la chaleur d’un être aimé, c’est un regard, c’est un sourire, c’est un « salut gamin alors bien ? »
Ce « Va ouvrir » est déjà plein de mystère. Pourquoi le père n’ouvre-t-il pas ? Suit le mystère des copains du père