Tu voyais chaque jour tout ça. Tout était devenu tellement habituel que tu n’y prêtais plus attention.
Tu savais qu’à 10h, il y aurait les habitués du Café de la Place. Ils seront assis de dos et légèrement voûtés. En passant, tu les apercevras, par la fenêtre du café, assis au comptoir en chêne vernis. Cette fenêtre est la seule et unique de la façade dont le crépis commence à s’émietter.
Tu longeras le minuscule abris de bus, où les gens s’agglutinent même par beau temps. Tu sais qu’il y aura, l’homme au parapluie jaune adossé à la pancarte des horaires. Tu sais aussi qu’à force de s’y appuyer, il a fini par les faire disparaître.
Tu trébucheras sur le petit rebord de trottoir en te dépêchant de traverser la route pour faire attendre le moins possible les automobilistes. Tu sais qu’ils s’impatienteront en te voyant te relever, mais tu ne pourra t’empêcher de regarder le sol craquelé. Sur le goudron, tu verras une trace de peinture et des confettis.
Tu verras les écoliers dans la cour de récréations jouer et crier. La cour est de plus en plus belle, ils ont créé un jardin, et tu sais que tu aurais adoré y jouer quand tu étais plus jeune. Tu feras courir tes doigts le long du grillage en observant la valse des fourmis le long du muret.
Tu lèveras la tête, quand tu seras arrivé à la lisière du bois pour observer le vent dans les feuilles des arbres. Tu feras glisser tes pieds dans le chemin en pierre et t’allongera dans l’herbe coupée pour profiter du soleil.