Ce jour, en plein travail, ordinateur, cahiers, bouteille d’eau, sac à main ouvert, posés sur la table de la salle à manger, à me concentrer sur cet exercice donné, je vois, dans un éclair de seconde, la lumière de mon téléphone portable s’allumer, à quelques centimètres de ma main gauche. Suspension de mes doigts sur le clavier. J’attrape l’écran et lis le SMS. L’histoire d’un amour impossible qui s’achève : fulgurance des mots jusqu’à mon cerveau
Hier soir, diner entre amis, dans leur appartement, je me retrouve en face de mon amie et découvre un mouvement imperceptible de ses lèvres, de sa bouche qui recouvre ses dents. Dans mon esprit, une interrogation, mais que fait-elle ? Et je découvre un appareil dentaire nouvellement survenu sur ses dents d’adulte. Je finis, le repas, obsédée, par sa mastication, le grincement du fer, le glissement de sa langue sur les lèvres. Appareil sur les enfants pour avoir de belles dents et sur les adultes pour ne pas se les déchausser – Le temps s’écoule sur nos dents, également.
Dans les dédales d’un lieu culturel, je me souviens, avant-hier, d’avoir fait la rencontre imprévu avec un ami de longue date pas vu depuis si longtemps. Intensité de notre étreinte silencieuse au milieu du brouhaha de la foule.
Il y a quatre jours de cela, je dinais (encore) à la terrasse d’un restaurant. Soleil couchant, douceur du ciel, rires à notre table, conversations aux tables voisines, plaisir simplement. Soudain, l’alcool m’est monté brusquement, violemment, dans mon sang, dans mes veines, dans ma tête, dans mon être. De quatre, nous sommes devenus huit, perte de goût de tout mon diner, pas titubants pour aller faire pipi, envie de revenir au début de la soirée. Trop tard, le champagne de l’apéro m’avait tué.
Les journées 5 et 6 me sont étrangères – Rien, pas d’images, pas de notes dans mon agenda – Mais qu’ai-je donc fais ? Mémoire, mémoire, où es-tu passée ? Etait-ce le jour où je me suis rendue chez le garagiste pour réparer ma vitre ? Comment ne puis-je pas me rappeler ?
Lundi 19 juillet, je découvre la vitre de ma voiture brisée, mon capot ouvert mais rien n’a été volé. Le parapluie sur le siège passager, toujours fermé, n’a pas bougé. Le sac de courses à l’arrière toujours caché.
Quel était l’objet recherché ?
Ce n’est pourtant que le premier jour de la semaine, et merde.
Désolée de cette histoire d’amour qui s’arrête d’une façon aussi triste… un sms…
J’espère quand même que ce n’est pas vrai ! juste du réel transformé par l’écriture.
En tout cas, bien heureuse de vous découvrir…
Merci Françoise pour ce mot. A bientôt.
C’est frais, direct, j’aime bien (sauf le « non sans stupeur » de ta découverte de l’appareil dentaire qui me semble inutile, la suite suffit à dire ta stupeur). J’ai un faible pour les raconteuse d’histoires.
Merci pour cette remarque pertinente et que je viens de modifier dans le texte. Merci pour la lecture. A bientôt.
Beau texte mais je préfère l’immobilité à la narration : https://www.tierslivre.net/ateliers/proposition-2-immobile/