#hors série 2 – Objets
Celui là est à moi, rien qu’à moi. Cadeau d’un ami qui avait tout compris et qui n’est plus là. Écouté mille fois et plus, déménagé aussi plusieurs fois. Il justifie le maintien d’une platine 33 tours dans la maison, qui ne sert pratiquement plus que pour lui et quelques vieilleries souvenirs. C’est Ornella Vanoni, l’italienne, qui chante en italien avec ses copains brésiliens, Vinicius et Toquinho. La voix claire chaloupe et ensoleille ….. Ce n’est plus le portugais chuinté qu’on aime tant alors, en pleine période Saravah, au point de s’inscrire aux cours de portugais de la Ville de Paris. Je ne suis jamais parvenue à ce chuintement là, ces J et ces CH comme chuchotés, frémissants. J’ai abandonné.
Ce disque là, c’est autre chose, un exotisme supplémentaire. Je crois bien qu’à la même époque, il y avait un Stevie Wonder tout autant écouté, plus enfantin sans doute (Isn’t she lovely ?…), plus dansant aussi à n’en pas douter, plus lointain…
Mais le cocktail italo-brésilien fonctionne si bien que le ciel s’illumine à chaque écoute. La pochette se contente de leurs trois noms et d’un tendre portrait du trio éphémère, un peu flou… ou bien est-ce l’âge de l’objet qui a troublé l’image ? Du bleu au fond, des visages presque sépia. C’est un disque Decca, la date imprimée au dos dit 1976, enregistré par Vanilla à Rome… Une ligne, un voyage.
La galette noire a été si bien choyée qu’après toutes ces années, elle n’a même pas une rayure. Ça craque, mais ça ne glisse pas. Les voix des deux hommes se posent avec douceur et respect sur celle de l’italienne. La sensualité affleure à chaque note, en toute liberté. Pas de censure, on ose. Un temps révolu, une nostalgie.
Fare l’amore senza paura… le premier titre. Programme….
Belle histoire de rythmes, d’accents, de langues et de voix pour cette galette-là, on imagine les mains s’en saisir et la poser senza paura mais avec douceur et respect sur celle qui l’attend…
magique