Rentre chez toi dans la dernière rame embarquée quand regrette le verre de trop l’ultime parce que c’était les amis et le vouloir rester ensemble pas soûle à en perdre conscience à tituber pas ça mais cette griserie lourde à cause de quoi pâteuse gauche tu dois faire plus attention à ce qui t’oriente te désoriente vigilance de tes sens déréglés par l’alcool sur les cinq cents mètres entre la sortie du métro l’angle de l’agence immobilière bordeaux tapie tel un voleur à l’arraché apparts bicoques de banlieue photos grand angle éclairées comme villas à Hollywood avec les prix aussi américains guette sur le banc devant l’ancien office du tourisme recyclé en petit lieu d’expo le trio de sdf dans un état pire que le tien regarde le trottoir pas les trois gueulards avinés comme si le banc était vide alors que tu ne penses qu’à eux ce qu’ils pourraient dire faire mais sont dans leurs débats leurs canettes t’ignorent attention trottoir défoncé éclairage un sur deux lampadaire avec les arbres feuillus qui remuent leurs ombres sur les craquèlement du bitume écoute les bruits autour ramures agitées froufrou dans les plates-bandes pas peur des rats mais ce moteur derrière petite allure voiture glisse dépasse clignotant gauche tourne le temps d’apercevoir deux types jeunes à l’avant dans la rue de l’école celle que tu dois prendre la bagnole a disparu visibilité sur toute la pente marche librement dans le couloir des vélos traverse longe le long bâtiment de pierre école communale n’en finit pas de s’étendre jusqu’à la librairie des copains phare rouge claquant dans la nuit rideau baissé peint en fresque libertaire amorce d’un chez toi dont tu sors les clés trousseau grigri serré dans ton poing mais replonge au tournant dans l’angoisse d’une ligne droite malaisée début de migraine prends conscience du bruit terrible de tes talons tac-tac écho dans l’avenue apparemment déserte tac-tac pleine de trous d’obscurité où pourrait se dissimuler le pire tac-tac trouées des entrées d’immeubles des espaces entre véhicules garés derrière les poubelles jardinets en friche débordant des grilles des vieilles maisons chantiers endormis tac-tac décor familier devenu terre sauvage jungle incognita martèlement de tes talons t’empêche d’entendre les pas d’un possible suiveur retourne-toi rien qu’une forêt d’ombres voilà le tabac à la capote en vrille personne autour parce que milieu de la nuit tu ne l’aimes que très tard fermé trente derniers mètres le trousseau tinte dans ta main arrêt du bus service terminé chaussée marquée de lignes blanches infinies magasin du destructeur de nuisibles exhibition de rongeurs empaillés bistrot fermé comme le coiffeur kabyle dix euros seulement pour les hommes pousse la grille de ton immeuble jette un regard derrière code porte claque toi respire.