Ils entendent un bruit. Ils n’éprouvent jamais de peur.Ils pensent à l’animal. Ils pensent à l’animal sauvage. Un animal mi – dragon mi cheval. Le silence maintenant s’épaissit. Le brouillard se dissipe. L’attente monte atteint tout le corps.
Ils se trouvent aux endroits stratégique. Ils veulent voir l’animal, c’est tout. Le lieu est un terrain d’attente. Le lieu est un espace de capture par le regard. Au moindre soulèvement bruissement de feuilles, infimes perceptions, ils tendent toute l’ouïe. Ils ne définissent aucun périmètre.
Un signal est lancé via une application chaque guetteur entend battre son cœur plus fort retient sa respiration, en alerte maximum.
Chaque guetteur a son image de l’animal, sa forme sa force sa puissance. Chaque attente permet d’ enregistrer des indices de déplacement, des indices sonores.Ils attendent le jour pour relever les empreintes, les traces d’empreintes.
Chaque guetteur construit son film intérieur, son scénario, ses souvenirs d’attente. Ils ne savent rien de l’animal, ils pensent qu’en hiver leur chance est plus grande de l’apercevoir.
Ils multiplient les questionnements sur l’approche, le parcours, le tracé. Un guetteur suggère de franchir la lisière de la forêt pour agrandir la surface d’observation. Sa proposition est rejetée devant l’impossibilité d’avoir d’autres guetteurs.
Ils choisissent de rester sur le même périmètre d’observation , puis ils déplacent le périmètre d’observation. Les enregistrements sonores se poursuivent, perceptions sonores d’une attente, descriptions d’une perception sonore, descriptions d’une attente.
Il reste beaucoup de questions sans réponse, des informations à utiliser. Chaque guetteur garde en lui la certitude que l’animal a, pour une raison inconnue, adopté un lieu à la lisière de la forêt, un espace étroit, une bande étroite de terre, rien presque rien, mais certainement assez pour son passage.
Le corps de l’animal s’arrête, son ombre se pose, ses fines pattes, la courbure de son échine, la pointe de ses oreilles de son museau. Sa fulgurante position d’arrêt avant la fuite. L’herbe rare couverte de feuilles brûlées. Les arbres dorment.
J’aime beaucoup la majesté de l’apparition finale, la transposition du cadre en forêt et l’attente.
merci Martine pour votre lecture attentive
Je n’avais pas imaginé que l’observation puisse se faire au grand air. L’écriture dessine cet espace extérieur de capture par le regard, agrandit la surface d’observation et en déplace le périmètre. Je pense à La panthère des neiges de Sylvain Tesson et à Richard Wagamese (Starlitght). Merci !
Merci Cécile pour votre lecture sensible. C’est une tentative de décrire avec grand sérieux un jeu d’enfant, se planter quelque part et observer pendant très longtemps, un animal, une fleur, du vivant, après l’animal peut se transformer. Je n’ai lu ni Tesson ni Wagamese, merci pour la découverte de ce dernier.
Très beau et mystérieux récit qui oscille entre la quête et la traque. Qui sont ces guetteurs appareillés ? Menaçants ou simplement envahissants ? On est sur la corde, on est l’animal agile et inquiet.
Merci Benoît de me faire entrer ainsi dans mon texte, je cherche oui ce côté merveilleux, mais aussi la présence du réel, et plus j’avance dans l’écriture du texte, et plus j’aimerais atteindre un moment de beauté fulgurante, cette recherche fait partie aussi de mon quotidien.